Des agriculteurs ont bloqué des autoroutes dans le Nord, lundi 19 mai, pour réclamer l’assouplissement de réglementations qu’ils jugent trop contraignantes, à quelques jours de l’examen de la proposition de loi Duplomb sur la levée des contraintes pesant sur les agriculteurs. En début d’après-midi, l’autoroute A1 entre Lille et Paris a été fermée dans les deux sens à Seclin par plusieurs dizaines de tracteurs, dont certains arborent des écriteaux « Macron trahison », « ras le bol des normes » ou encore « laissez-nous travailler librement ». L’autoroute A2 ralliant Bruxelles a également été fermée dans les deux sens au niveau de Marly, près de Valenciennes (Nord), ainsi que l’A25 reliant Lille à Dunkerque, a indiqué la préfecture, recommandant « très fortement » de reporter ses déplacements routiers. Mardi, le mouvement se poursuivait mais les premiers blocages étaient levés, selon un tweet de la préfecture de la Région Hauts-de-France. Les trois sections d’autoroutes ont été rouvertes dans la matinée à la circulation, a indiqué la FDSEA. Après cette première action, « on relâche la pression » , a expliqué Quentin Destombes, de la FDSEA du Nord, car « les gens travaillent, il ne faut pas pousser le bouchon trop loin ».
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— Préfecture de la région Hauts-de-France et du Nord (@prefet59) May 20, 2025
Actualisation à 10h30
L’autoroute A25 est totalement rouverte à la circulation. https://t.co/95F30cTXiN
De nouvelles actions
Le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, a appelé à la mobilisation à partir du 26 mai, jour où doit débuter à l’Assemblée nationale l’examen de la proposition de loi des sénateurs Laurent Duplomb (LR) et Franck Menonville (Union centriste). Ce texte est censé lever certaines « contraintes » pesant sur les agriculteurs. Il prévoit notamment de faciliter le stockage de l’eau, l’accès aux produits phytosanitaires ou l’agrandissement des élevages mais certaines propositions ont été retoquées en commission. « On fait l’agriculture la plus saine du monde et malgré ça, on nous met encore plus de contraintes », a affirmé Christophe Catteau, venu de Wattrelos, dans la métropole lilloise, à l’appel de la FDSEA. « L’an dernier, il y avait de l’écoute et du bon sens » mais avec le changement de gouvernement « tout a été détricoté. On vit ça comme une trahison », a-t-il ajouté.
Les nombreux amendements au texte, « au lieu de simplifier, comme ça avait été promis, vont complexifier les choses, pire qu’avant », estime Bérengère Chombart, agricultrice à Fournes-en-Weppes, où elle produit betteraves, pommes de terre, blé ou petits pois, venue manifester sans attendre le 26 mai. « On ne peut pas accepter ça. » Elle critique notamment les mesures encadrant le stockage d’eau, alors que le Nord est en vigilance sécheresse depuis vendredi 16 mai. D’autres s’inquiètent d’un agrandissement de la zone de non-traitement qui interdit les produits phytosanitaires à proximité des habitations.
« On est motivés parce qu’on a vraiment été pris, pour être franche, pour des cons, par rapport aux manifestations qu’on avait faites l’année dernière », explique la secrétaire générale de la FDSEA 59, Caroline Delepierre. Les décideurs « ne se rendent pas compte de tous les sacrifices qu’on fait à longueur d’année pour répondre aux chartes, aux protocoles […], les normes », lance Sébastien de Conninck, maraîcher de 33 ans produisant fraises et endives à Beuvry-la-Forêt (Nord), affirmant : « On nous en met toujours plus. » D’autres actions sont désormais en préparation, notamment dans l’Oise.