« Dans un pays de l’Union européenne, un confrère concessionnaire m’expliquait l’autre jour qu’il n’est capable de résoudre que la moitié des pannes de ses clients agriculteurs. Si la situation n’évolue pas rapidement, ce sera bientôt pareil chez nous », s’inquiète Pierre Prim, président du Sedima. En cause, la qualité de l’enseignement dispensé par les centres de formation des constructeurs aux techniciens et mécaniciens des concessions. « Le constat est simple : en moyenne, un salarié d’atelier va en formation quatre fois dans l’année, poursuit Pierre Prim. Dans le meilleur des cas, il n’apprend que peu de chose mais bien souvent, il connaît mieux le matériel que le formateur du constructeur. »

Aucun progrès en six ans

Ce constat est partagé par l’ensemble des réseaux, comme en témoigne l’enquête de satisfaction des concessionnaires (ISC), que le Sedima vient de rendre public. « Depuis six ans, aucune marque n’a d’évolution positive sur la problématique de la formation, déplore Anne Fradier, secrétaire générale du Sedima. On constate même que le niveau de qualité est en baisse. Pourtant, les distributeurs versent une contribution supplémentaire pour la formation dans le cadre de la convention collective et près de 80 % de cette somme sert à financer les stages constructeurs ».

Des formateurs peu expérimentés

Le Sedima a tiré la sonnette d’alarme auprès des constructeurs et certains ont accepté de réfléchir avec les réseaux de distribution pour identifier les problèmes et trouver des solutions. « Le principal problème, c’est que dans une carrière chez un constructeur, le métier de formateur est le poste de départ, affirme Pierre Prim. Or la maîtrise technique des machines demande de l’expérience, ce n’est pas un poste pour un débutant. Il y a un changement de paradigme à faire sur ce point. » Anne Fradier constate aussi que, comme les concessionnaires et l’ensemble de la filière machinisme, les constructeurs ont de gros problèmes pour trouver de la main-d’œuvre qualifiée.

 

« Les techniciens de concession ont la responsabilité colossale d’assurer les réparations pour l’agriculteur, rappelle Pierre Prim. C’est un comble d’avoir des usines qui font monter les produits en technicité mais ne sont pas capables de former des techniciens. Il faut trouver des solutions maintenant, pour ne pas laisser des machines en panne dans les champs dans quelques années. »