Dans ses dernières prévisions publiées le jeudi 11 juin 2020, le ministère américain de l’Agriculture (USDA) révise nettement à la hausse les stocks de blés mondiaux à la fin de la campagne 2020/2021. Une révision qui touche les pays importateurs, à l’inverse des principaux exportateurs.
Les stocks mondiaux sont ainsi en augmentation de 6 millions de tonnes à 316 millions de tonnes, mais en baisse de plus de 2 millions de tonnes pour les pays exportateurs, dont font partie l’Union européenne, les États-Unis ou la Russie.
L’Inde principale responsable
Cette augmentation des stocks de fin de campagne est imputable principalement à l’Inde, dont la production est revue à la hausse de plus de 4 millions de tonnes, sans pour autant que ses exportations soient revues à la hausse, à 1 million de tonnes.
Évolution de l’estimation de la production mondiale de blé selon le ministère américain de l’Agriculture.
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« Un parti pris surprenant », estime Gautier Le Molgat, analyste au cabinet Agritel. Car si « traditionnellement », la production indienne est principalement réservée à « l’autoconsommation », les Indiens ont plusieurs fois exporté du blé en quantité, jusqu’à 6 millions de tonnes et plus en 2012 et 2013, contre le million habituel.
« Ce blé, essentiellement fourrager et à destination de l’Asie du Sud-Est, pourrait donc, selon Gautier Le Molgat, faire son retour sur le marché mondial, compte tenu des stocks élevés du pays. » Par ailleurs, la production mondiale de blé est revue à la hausse de 5 millions de tonnes, à 773,43 millions de tonnes.
Peu de changements pour le maïs
Évolution de l’estimation de la production mondiale de maïs selon l’USDA, le ministère américain de l’Agriculture.
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Concernant le maïs, peu de changements : les productions des États-Unis et de l’Union européenne ne bougent pas. Les stocks mondiaux sont très légèrement revus à la baisse, à 337,9 millions de tonnes (–1,8 millions de tonnes), en raison d’une révision à la baisse équivalente des stocks de début de campagne. La consommation intérieure des États-Unis, qui ne change pas à 321,3 millions de tonnes, est jugée « optimiste » par Gautier Le Molgat, compte tenu de la récession mondiale.
Vente de soja américain à la Chine
Évolution de l’estimation de la production mondiale de soja selon l’USDA, le ministère américain de l’Agriculture.
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Enfin, la situation du soja ne bouge guère non plus. Les stocks mondiaux sont également revus à la baisse, à 96,3 millions de tonnes (–2 millions de tonnes), notamment en raison d’une révision des stocks de départ.
« Sur le marché du soja, l’USDA a rapporté hier la vente de 720 000 tonnes de soja américain à destination de la Chine, annonce aussi La Coopération agricole métiers du grain dans sa lettre hebdomadaire diffusée le 12 juin 2020. Depuis la mi-mai, le dollar a fléchi vis-à-vis du réal brésilien, rendant le soja américain plus compétitif face à son principal concurrent. Cela permet également à la Chine de contribuer au respect de leurs engagements dans le cadre de la phase 1 de l’accord sino-américain. »