Après plusieurs jours de réunions entre le ministre de l’Agriculture, argentin Luis Basterra, et des représentants de la filière soja en Argentine, le gouvernement argentin a annoncé, le jeudi 5 mars 2020 une augmentation des taxes sur les exportations de soja.

 

4 jours de grève des ventes

Elles passent donc de 30 % à 33 %. Seules exceptions : les producteurs de moins de 100 tonnes de soja par an seront taxés à hauteur de 20 %, et ceux produisant moins de 1 000 tonnes le seront à hauteur de 30 %.

 

Cette augmentation a provoqué la colère des agriculteurs argentins. Le jeudi 5 mars 2020 ils se sont déclarés en grève déclenchant la première fronde sociale contre le nouveau gouvernement de centre gauche d’Alberto Fernandez.

 

Les quatre fédérations patronales d’agriculteurs argentins cesseront à partir du lundi 9 mars 2020 la vente de graines, céréales et bétail durant quatre jours.

 

Des taxes pour diminuer le déficit public

 

Le soja est le plus important poste d’exportation de l’Argentine. En 2019, les ventes de soja ont dépassé la moyenne annuelle : 29,65 millions de tonnes de farine de soja ont été exportées, ainsi que 10,12 millions de tonnes de graines de soja et 5,29 millions de tonnes d’huile de soja. L’Argentine est le premier exportateur mondial de farine de soja et l’est devenu en 2019 pour l’huile.

 

Cette hausse des taxes sur le soja intervient moins de trois mois après l’instauration de nouveaux impôts pour le secteur de l’agro-business.

 

Depuis l’entrée en fonction du président de centre gauche Alberto Fernandez, en décembre 2019, les exportations étaient taxées à hauteur de 30 % et celles des autres produits agricoles, tels le maïs et le blé, à hauteur de 12 %.

 

Ces taxes ont été décidées dans le cadre d’un plan destiné à diminuer le déficit public, alors que l’économie argentine est en récession depuis près de deux ans et le pays lourdement endetté.

 

En 2008, des manifestations avaient paralysé le pays

En 2008, la taxation des exportations agricoles par le gouvernement de centre gauche de Cristina Kirchner (2007-2015), aujourd’hui vice-présidente de l’actuel président, avait déjà provoqué de vives réactions du secteur.

 

Les manifestations des agriculteurs avaient pratiquement paralysé le pays. « De nouveau, c’est la campagne qui va payer les dettes et les coûts d’une crise que nous n’avons pas provoquée », a réagi le 5 mars 2020 la Société rurale de San Pedro, une organisation professionnelle parmi les plus actives lors du conflit de 2008.

 

À son arrivée au pouvoir en 2015, la première mesure économique du président libéral Mauricio Macri (2015-2019) avait été de supprimer la taxe sur les exportations de blé et de maïs, et de la réduire progressivement sur le soja. Mais en septembre 2018, son gouvernement l’avait revue à la hausse à nouveau, en raison de l’extrême gravité de la crise économique.