Depuis son installation en 2020 sur l'exploitation familiale de 190 ha au Plessis-Placy, Hugo Crécy engage 15 à 20 ha de blé tendre en filières proposées par sa coopérative Valfrance. « Pour la récolte de 2022, j'ai contractualisé 15 ha sur les 67 de blé, et je vais en semer 20 ha cet automne », précise-t-il. Produire du blé CRC (Culture raisonnée contrôlée) pour la farine label rouge lui assure une valorisation économique par rapport au prix moyen, mais aussi la reconnaissance de bonnes pratiques agricoles et la satisfaction d'un débouché local. « C'est valorisant de produire des blés transformés à 70 kms de chez moi par Les Grands Moulins de Paris pour un label reconnu pour sa qualité », souligne-t-il.

Reliquats et N-Tester

Concernant l'itinéraire technique, les cahiers des charges CRC et label rouge sont très précis. Les variétés doivent être issues de la liste des variétés recommandées par la meunerie (VRM). Pour la récolte de 2022, Hugo Crécy avait choisi KWS Extase pour son bon potentiel de rendement. Les semences étaient enrobées par le traitement Vibrance Gold contre un large spectre de maladies, mélangé au biostimulant Actiseed, riche en manganèse et zinc, pour favoriser la germination. Le semis a été réalisé le 10 octobre à 230 grains/m² sur une parcelle située à plus de 250 m de distance des grandes voies de circulation (pour éviter les contaminations). Un désherbage de post-levée puis un insecticide contre les pucerons ont ensuite été réalisés. Les produits de protection des plantes utilisés sont issus de la liste positive fournie par CRC.

« Pour l'instant, il semble difficile de se passer de régulateur de croissance »

« Dans le cahier des charges, le point qui demande le plus de vigilance est le taux de protéines qui doit être de 11,5 % au minimum, relève l'agriculteur. La fertilisation azotée doit être pilotée au plus juste. » Dans la nouvelle version du cahier des charges label rouge qui est entrée en vigueur au 1er septembre 2022, les apports d'azote sont également encadrés par des doses maximales (lire infographie). Des exigences déjà remplies par l'agriculteur. « L'an passé, le blé avait été semé après un pois, le reliquat sortie hiver était donc important et pour éviter la verse, j'ai retardé le premier apport au mois de mars. Deux passages de 40 u de solution azotée ont été réalisés autour du stade épi 1 cm. Début mai, la pince N-Tester, m'a permis d'établir la dernière dose à 50 u. Au total, je n'ai apporté que 130 u pour un rendement estimé à 110 q/ha et un taux de protéines de près de 12 %. Mais sans précédent pois, l'objectif est plus dur à atteindre et l'apport total d'azote se situe plutôt autour de 180 à 200 u. Pour apporter un complément en fin de cycle si besoin, je viens également d'investir dans un épandeur à engrais solide. »

© Florence Mélix - Le digestat issu de la méthanisation pourra être épandu sur cultures dès le printemps prochain. Pour le blé CRC, il devra d'abord être analysé et validé par la filière.

Pour le régulateur de croissance réalisé le 12 avril, le jeune agriculteur a dû remplir une grille Arvalis pour justifier son usage. Si la filière label rouge prévoit une possible suppression dans les prochaines années, pour Hugo Crécy, il semble « difficile de s'en passer » pour l'instant. Côté phytos de printemps, suite aux observations terrain et à la lecture des flashs techniques de Valfrance, deux fongicides ont été réalisés.

Après la récolte, les 160 t de blé sont stockées dans une cellule dédiée (pour la traçabilité) et la température est suivie de près par Hugo Crécy, les traitements d'insecticide de stockage étant interdits. « Le blé est entré à environ 30°C le 10 juillet et la ventilation me permet d'atteindre 10 à 15°C en automne pour lutter contre les insectes », précise-t-il. Pour vider la cellule, il utilise une vis. « Je n'ai pas le droit de sortir le blé au télescopique pour éviter les éventuelles traces d'huiles sur les grains », ajoute-t-il.

+ 15 €/t en 2023

Pour assurer la traçabilité, l'agriculteur utilise le logiciel Smag farmer : « Toutes les interventions y sont notées et je donne ensuite l'accès au conseiller de la coopérative pour récupérer les données et les transmettre à la filière. »

Avec la hausse des cours du blé, pour éviter le désengagement des agriculteurs pour les filières CRC et label rouge, ces dernières ont revu à la hausse la prime pour la récolte de 2023 qui s'ajoute au prix moyen fixé par Valfrance. Pour l'agriculteur, 15 €/t seront ajoutés aux 10 à 15 €/t versés en 2022 selon les variétés (avec des majorations au-delà de 11,5 % de protéines). À cela, s'ajoute une prime de 17,44 €/t liée au stockage de la récolte possible jusqu'au mois d'avril.

Atteindre 11,5 % de protéines