Valentin Matthey, agriculteur passionné de semis direct depuis son installation, a complètement modifié et reconstruit son semoir John Deere 750 A. La SCEA Terr-innov installée sur la commune de Novillard (Territoire de Belfort) dispose de 360 hectares répartis entre blé, maïs, colza, soja et foin. « Mes terres sont majoritairement composées d’argile et de limon, j’ai donc de peu de portance lorsqu’elles sont humides. De plus, les fenêtres d’intervention sont donc très limitées. Il me fallait donc un semoir très spécifique et bien adapté à mes caractéristiques. » Valentin a rencontré des agriculteurs qui avaient des problématiques similaires aux siennes, suivi plusieurs formations et tours de plaine en France et à l’étranger. C’est ainsi qu’il a démarré le semis direct avec un outil de 3 m. « J’ai emblavé 550 ha en 2017 et la même surface en 2018 avec ce semoir. C’est notamment grâce aux problèmes rencontrés avec cet outil que j’ai pu voir quelle était la configuration souhaitable pour mon prochain semoir », explique le chef d’exploitation.

L’essieu a été revu pour que l’ensemble gagne en stabilité. (©  Paul Denis/GFA)

Un semoir de 1997

À la suite de cette mauvaise expérience avec son premier semoir, Valentin s’est mis en quête d’un outil plus large, qui passe partout et qui soit le moins onéreux possible. Son choix s’est alors arrêté sur un semoir de 6 m, 750 A John Deere d’occasion. « Lorsque le semoir est arrivé sur la ferme, j’ai renforcé sa flèche et refait son châssis en tube pour le consolider. J’ai également élargi l’essieu et je l’ai équipé de trois roues par côté pour gagner en stabilité. Le système de verrouillage a lui aussi été changé afin qu’il s’enclenche automatiquement une fois l’outil replié.

Une fois replié, la largeur du semoir est de 3,45 m. (©  Paul Denis/GFA)

Après m’être assuré de partir sur un châssis suffisamment solide et stable, je me suis concentré sur la modification de la trémie », indique le chef d’exploitation. Cette dernière a été totalement repensée. En plus d’avoir été rehaussée, celle-ci s’est vue dotée d’un système pouvant la scinder en deux compartiments (50/50) . « J’ai profité de mon travail sur la trémie pour en créer une troisième accolée à l’arrière de la principale. Cette dernière est munie de sa propre tête de répartition. La capacité de la cuve principale est d’environ 2 400 litres. Celle de la troisième trémie atteint 330 litres. J’ai profité de tous ces travaux pour ajouter une grande passerelle, munie d’une échelle afin d’accéder plus facilement aux trémies et aux têtes de répartition », précise Valentin.

La trémie a été rehaussée et la cuve principale peut être scindée en deux. (©  Paul Denis/GFA)

Trois têtes de répartition

La distribution été revue. D’origine, une tête de répartition envoie les graines sur les éléments de droite et l’autre tête sur ceux de gauche. « J’ai modifié le système afin que la tête de répartition avant alimente les éléments avant et celle arrière sur les éléments arrière. » La troisième tête de répartition qu’elle soit alimentée par une trémie frontale ou la petite trémie de 330 litres, peut envoyer son produit sur tous les éléments semeurs au même endroit que les autres têtes.

Chacune des pièces des éléments a été renforcée et adaptée aux besoins de l’agriculteur. (©  Paul Denis/GFA)

« J’ai conservé les doseurs Accord d’origine, car ils sont fiables. En revanche, j’ai modifié leurs motorisations et j’ai rendu leurs entraînements indépendants. » Le circuit hydraulique qui alimente ma soufflerie principale a aussi évolué afin de décharger l’hydraulique du tracteur. Une pompe installée sur la prise de force du tracteur vient alimenter un groupe hydraulique avec un réservoir de 120 l d’huile à l’avant de la trémie du semoir qui entraîne la soufflerie tournant à 1000 tr/min.

Le circuit hydraulique de la distribution du semoir est totalement indépendant de celui du tracteur. (©  Paul Denis/GFA)

Des éléments adaptés

« Afin d’optimiser le résultat, j’ai dû adapter les éléments semeurs à mes sols. La descente a été équipée d’un tuyau en Y pour apporter un second produit en plus de la graine ». Ce produit supplémentaire peut venir au choix d’une trémie frontale ou de la petite trémie de 330 litres « J’ai modifié la roue en caoutchouc en montant une roue plus fine pour bien rappuyer la graine sans tasser sur une trop grosse largeur. Afin d’éviter de tasser le bord du sillon et le refermer plus facilement lorsque c’est frais, la roue en caoutchouc est munie d’un bandage avec un profil RID. Enfin, j’ai opté pour des roues en étoile afin d’éviter les bourrages notamment lorsqu’il reste beaucoup de résidus et ainsi refermer plus facilement », expose l’agriculteur.

Plusieurs évolutions à venir

« Au total, cela m’a demandé un an de travail et j’ai dépensé 18 000€ en pièces ». Depuis sa construction, l’agriculteur ne cesse de faire évoluer son 750A. « J’ai monté ma distribution électrique en Isobus en 2022 et en 2024, j’ai ajouté des capteurs de bouchage sur toutes mes descentes afin que la machine me prévienne quand un tuyau vient à être rempli. L’inconvénient, c’est que maintenant, je dois m’arrêter quand c’est bouché », ironise le chef d’exploitation. La vitesse de la turbine, le niveau des trémies, la vitesse des doseurs et les indications de bouchage se retrouvent alors sur un écran dans le tracteur. Valentin a prévu de continuer à améliorer son semoir. « À force d’être embêté par l’engrais solide qui bouche mes descentes, je compte créer prochainement un système d’incorporation d’engrais liquide venant d’une cuve frontale. Ce système aura l’avantage d’être moins énergivore que la trémie frontale, car là je n’aurai besoin d’alimenter qu’une pompe qui fournit une pression de 2 bars », dévoile Valentin.

Les différents paramètres du semoir sont ajustés sur un écran en cabine. (©  Paul Denis/GFA)