L’utilisation d’une trémie frontale au semis n’est pas nouvelle mais la technique se réinvente avec l’arrivée de modèles de forte capacité et le développement de techniques telles que l’apport d’engrais au semis, l’implantation de couverts végétaux lors du déchaumage ou encore le semis de plantes associées.
Surpression pneumatique
L’équilibre de l’attelage est important, tant pour le matériel que pour la compaction du sol. Mettre une trémie à l’avant du tracteur peut paraître contre-intuitif, mais ceci permet une répartition des masses plus uniforme afin de ne pas tasser les terres précédemment travaillées, tout en assurant une stabilité maximale au tracteur. De plus, mettre la trémie à l’avant réduit la capacité de relevage arrière nécessaire et autorise donc l’utilisation d’un tracteur de moindre puissance, pour une largeur de travail équivalente. Cette pratique offre, en outre, une excellente visibilité sur le travail de l’outil arrière.
Les trémies sont toutes dotées d’un système de surpression pneumatique qui envoie la semence ou l’engrais à la tête de distribution présente sur l’outil arrière. L’entraînement de la turbine a lieu soit de manière mécanique, électrique ou hydraulique. Le réglage de la quantité de graines ou d’engrais se fait selon deux principes : DPA (débit proportionnel à l’avancement) mécanique avec une roue squelette escamotable, ou DPAE (débit proportionnel à l’avancement électrique) lié à la prise de vitesse sur le tracteur ou via un capteur installé sur la trémie. Certaines sont aussi prévues pour être montée avec de l’Isobus.
La bobine de dosage est facilement interchangeable, grâce au dégagement autour de la cuve. Les trémies ont une capacité sans rehausse allant de 1 000 l pour les plus petites jusqu’à 2 800 l pour les plus imposantes. Elles sont très faciles à remplir et à vider, grâce à la présence d’une passerelle. Généralement, un rouleau à pneus est ajouté sous la trémie pour servir de tasse-avant, mais aussi pour délester le poids supporté par le relevage avant.
Du semoir au décompacteur
Couplée à une barre de semis arrière ou à un semoir de précision, la trémie frontale offre plusieurs avantages comme le fait d’approcher le poids de la machine du centre de gravité du tracteur, d’offrir une excellente visibilité sur l’outil arrière, et la possibilité d’avoir des semoirs repliables et donc plus compacts. Différents types de doseurs sont prévus pour s’adapter à chaque semence. Il faut toutefois veiller à ce que la soufflerie soit suffisamment puissante pour transporter les graines plus lourdes comme les pois ou les féveroles. Pour la distribution d’engrais, il existe des trémies Inox ou plastique, mieux adaptées à la corrosion provoquée par les granulés que les simples trémies en acier.
Des limites
à prendre en compte
La plupart des constructeurs destinent également leurs trémies à être couplées à des outils de travail du sol allant des déchaumeurs à dents et à disque jusqu’aux bineuses (Bednar et Einbock avec son « Jumbo-Seed »). Il est même possible de les utiliser avec les décompacteurs pour une application d’engrais de réserve dans les couches profondes du sol afin d’avoir une nutrition permanente durant la levée. Néanmoins, afin de travailler toute l’année avec une trémie frontale, il faut que les outils soient dotés d’une tête de distribution. Les trémies frontales Kongskilde NS série 1500 et 1900 ont ainsi la particularité d’avoir quatre sorties qui passent sous le tracteur et apportent la matière à l’outil arrière. Alpego profite de sa trémie frontale pour la coupler à sa barre de semis composée de deux rangs, afin de semer plus facilement dans des conditions difficiles ou avec beaucoup de résidus végétaux.
La manipulation et l’installation des tuyaux qui passent sur le côté du tracteur peuvent s’avérer chronophages, surtout lorsque celui-ci doit changer régulièrement d’outil. De plus, avoir une trémie frontale impose la pose de caméras sur la trémie avant car le porte-à-faux et le manque de visibilité sont deux facteurs handicapants sur la route et au travail. Au champ, le montage d’un système d’autoguidage est conseillé. En effet, il est très compliqué de positionner le tracteur par rapport aux traits de jalonnage. Enfin, le poids de la trémie chargée n’est pas négligeable. Il est fréquent d’atteindre les limites de capacité d’un relevage avant d’entrée de gamme.
Des compartiments multiples
La plupart des constructeurs proposent deux modèles de trémie : une petite avec un simple compartiment non divisible, et une autre avec une capacité plus importante. Cette dernière peut être séparée en deux à quatre compartiments repartis par exemple en 60/40 ou 50/50. Il est ainsi possible d’effectuer du semis associé entre plusieurs céréales, d’appliquer engrais et semences simultanément ou juste d’apporter de l’engrais directement dans le sol.