Déployé depuis 2019, le projet Praigly (1) s’est intéressé aux techniques alternatives à l’utilisation du labour et du glyphosate pour rénover des prairies permanentes (lire l’encadré ci contre). En effet, le labour n’est pas une pratique adaptée à toutes les situations et l’emploi du glyphosate est contraint par la réglementation en vigueur.
Des essais ont ainsi été menés sur trois sites : la ferme expérimentale des Bordes dans l’Indre, celle de Saint-Hilaire-en-Woëre dans la Meuse, et La Blanche Maison dans la Manche.
Sur le premier site, l’objectif était de tester l’efficacité de trois outils pour la destruction de la prairie. Les matériels (charrue déchaumeuse, outils à dents dotés d’ailettes et rotavator) ont été utilisés à la fin du mois de juillet 2021. « Les trois outils évalués ont globalement donné satisfaction pour la destruction de la prairie », indiquent Arvalis et ses partenaires. Néanmoins, elle s’est faite en deux passages pour l’outil à dents, et une reprise a été nécessaire pour les trois modalités (avec une herse rotative ou un outil à dents type canadien).
Par la suite, la levée des espèces prairiales s’est retrouvée en forte concurrence avec le développement concomitant d’adventices et/ou de relevées d’espèces présentes : « Dans les conditions de l’essai, la modalité associant rotavator et reprise avec un canadien a présenté le moins bon résultat de ce point de vue », précisent les instituts.
Rendement et qualité
Sur les deux autres sites (Meuse et Manche) l’objectif était d’aller jusqu’à l’évaluation du rendement et de la qualité fourragère. Différentes modalités ont été mises en place (glyphosate, désherbage électrique, travail superficiel en été ou au printemps, semis sous couvert de méteil ou après un colza dérobé…), comparées à la prairie initiale. En Normandie, les itinéraires testés visaient plus particulièrement la réduction de la présence d’agrostis stolonifère. À Saint-Hilaire, les meilleurs rendements ont été atteints pour le semis sous couvert de méteil et celui après un colza dérobé. « En plus de leur bonne productivité, ces deux modalités semblent avoir un véritable impact sur la maîtrise du salissement à l’installation de la prairie », ajoutent les coordinateurs du projet. À l’inverse, les semis réalisés au printemps ont été les plus infestés.
En Normandie, les différents itinéraires n’ont pas permis d’augmenter de manière significative les rendements, et l’enrichissement en légumineuses était faible, de l’ordre de 10 %. Leur efficacité pour gérer l’agrostis stolonifère s’est avérée plutôt limitée, puisque l’espèce était toujours présente dans la prairie rénovée. « Dans ce contexte, il serait plus judicieux de créer une rupture de deux années en réintroduisant une culture annuelle, comme un mélange céréalier », conseillent les instituts.
Charlotte Salmon
(1) Projet piloté par Arvalis en partenariat avec l’Institut de l’élevage, la ferme expérimentale La Blanche Maison et l’Association francophone pour les prairies et les fourrages.