Il y a encore peu de temps, pour détruire une prairie avant d’y implanter un maïs ou une céréale, Jérôme Charrier commençait par deux passages de cover-crop. Il revenait avec la herse rotative puis la charrue. « J’ai modifié cette pratique il y a trois ans, quand je suis passé en non-labour », explique l’éleveur laitier, installé à Saint-Malô-du-Bois­, dans le nord-est de la Vendée.

Récolter tardivement

En Gaec avec son père, il exploite 110 ha de SAU en agriculture biologique, dont 90 de prairies permanentes (40 ha) ou temporaires (50 ha). « Sur un de nos sites, nous avons en permanence 20 ha de ray-grass anglais (RGA) associé à du trèfle blanc (TB). » Dans ces parcelles, Jérôme intervient en deux temps. Il commence à l’automne avec un premier passage au Semavator. À base d’avoine, de vesce, de pois fourrager et de trèfle squarrosum, le méteil est semé à 200 kg/ha. « En s’enracinant, il étouffe tout ce qui a tendance à repartir. »

Au sein de l’exploitation, le bilan fourrager est déficitaire (20 t). Pour limiter les achats extérieurs, les associés récoltent le méteil tardivement, autour du 10 mai, avec un objectif de 5-6 t de MS. Ils apportent ensuite du fumier de bovin (10 t/ha). Puis, avant de semer le maïs, Jérôme refait un passage au Semavator (fonction rotovator uniquement) et un autre à la herse rotative.

Débris végétaux

Ces interventions s’enchaînent en l’espace de cinq jours. « À ce rythme, observe l’exploitant, les débris végétaux n’ont pas le temps de se décomposer correctement. Résultat : quand on passe dans la culture à la herse étrille, l’outil traîne les déchets avec un risque avéré de casser les pieds. » Il a tenté l’expérience en 2020. « J’ai stoppé net au bout de 50 m et terminé à la bineuse avec quatre passages. » L’an dernier, il a opté pour la houe rotative, qu’il a passée deux fois au stade cigare puis à deux-trois feuilles, avec un résultat intéressant. « Le système rotatif évite l’effet de bourrage : les débris sont projetés en l’air, sans impact sur le maïs. » L’expérience sera renouvelée, cette année, en Cuma.

Certaines années, l’éleveur détruit également des prairies l’été. « C’est une pratique que je réserve aux parcelles qui ont un potentiel “maïs” limité (14-15 t de MS en non-labour) et sur lesquelles je prévois d’implanter une céréale d’automne. » Jérôme intervient alors début août, avec un passage unique au rotovator. Il travaille à 5 cm de profondeur. « À cette époque de l’année, c’est suffisant pour tout brûler. » L’an dernier, pour maintenir les parcelles propres jusqu­e fin novembre, trois passages de vibroculteur ont été nécessaires. Cette année, il prévoit de semer du moha, fin août début septembre.

Anne Mabire