L’AGPM s’inquiète de l’afflux de semences de maïs dans l’Union européenne en provenance de l’Ukraine. Leurs volumes ont été « multipliés par 72 entre 2020 et 2024 », a souligné Franck Laborde, président de l’AGPM, le 26 février 2025, au Salon de l’agriculture.

La décision du 21 octobre 2020 du Parlement et du Conseil européens a ouvert à l’Ukraine les portes du marché unique, en reconnaissant son système d’inspection et de production de semences de céréales comme équivalent à celui des États membres. « Cette équivalence était attendue avec impatience par les établissements semenciers implantés en Ukraine pour compenser la fermeture du marché russe à partir de 2014 », détaillait en mai 2024 Nicolas Perrin, directeur des affaires internationales à Semae, l’interprofession des semences et des plants.

L’AGPM demande une clause de sauvegarde

Cette décision était en revanche redoutée par les multiplicateurs et plus largement l’AGPM, qui s’y est toujours opposée. « On nous disait qu’il n’y aurait pas de flux, puisque les semences ukrainiennes alimenteraient le marché de l’Est et la Russie. Mais cette dernière leur ayant fermé ses portes, les semences arrivent en Europe », a déploré Franck Laborde.

L’AGPM demande la mise en place de clauses de sauvegarde pour préserver la filière nationale. « C’est un dispositif qui existe, et les conditions sont réunies pour l’activer. On a documenté ça auprès des autorités françaises. Pour l’instant, nous n’avons pas obtenu gain de cause », a résumé le président de l’AGPM.

« Concurrence déloyale » également dénoncée sur le maïs « conso »

L’AGPM continue également de dénoncer les importations européennes de maïs destiné à l’alimentation animale en provenance des pays tiers (Brésil, Ukraine notamment) où il est produit « avec des normes très différentes des nôtres qui affaiblissent nos filières », a insisté Franck Laborde. Et de rappeler le repli de l’autosuffisance européenne en maïs, passée de 100 à 75 % en l’espace de dix à vingt ans.

« Nous souhaitons que ces distorsions de concurrence soient corrigées par des taxes à l’entrée dans l’Union européenne afin que nos productions retrouvent de la compétitivité [et que nous ne dépendions plus] des importations durablement », a résumé le président de l’AGPM. Car s’il existe déjà en maïs un système de protection aux frontières, il est rendu « inopérant puisque le prix d’intervention est beaucoup trop bas et n’a pas été réévalué depuis [de nombreuses années] », a détaillé Cécile Duroc, directrice générale de Maïz’ Europ’(1) et directrice de l’AGPM.

L’accord avec le Mercosur inquiète en ce sens les producteurs européens. « En l’état, il accorde à cette union de pays un quota d’un million de tonnes à droits [de douane] zéro. En plus d’un quota d’éthanol, d’amidon, de maïs doux et de volailles [qui consomme du maïs], ce qui porte le total à quelque 3,5 millions de tonnes-équivalent maïs, a chiffré Céline Duroc. Aujourd’hui, l’Union européenne importe environ 20 millions de tonnes de maïs dont un tiers en provenance du Brésil. »

(1) Maïz’ Europ’ regroupe les organisations de la filière française du maïs avec son prolongement « maïs européens » via la CEPM.