Vadim Konovyi est le chef d’exploitation et un des actionnaires de la ferme Alpha Agro (3 500 ha), basée à Tchaplinka, au sud de l’Ukraine. Il conduit également un élevage de cochons et de poissons. Producteur de blé, sur la moitié de sa sole, d’orge, de colza, de maïs, de tournesol, de soja et de pois chiche, il a été le premier à cultiver du maïs semences pour Mas Seeds, il y a dix ans (lire encadré).

Aujourd’hui, il en produit 220 ha, et jusqu’à 450 ha, selon la rotation de l’année. Il cultive aussi 18 ha de tournesol semence, beaucoup plus difficile à intégrer dans une rotation à cause de l’isolement important qu’il nécessite (1,5 km contre 200 m en maïs). Une quinzaine d’hectares sont destinés à l’expérimentation de nouvelles variétés hybrides de maïs.

1 100 propriétaires

Ce qui fait la force de cette ferme - c’est aussi la raison pour laquelle l’usine Mas Seeds s’est installée dans la région - c’est l’irrigation (lire ci-dessous). En effet, 900 ha sur les 3 500 sont irrigués. Le deuxième point fort concerne la conduite en semis direct. Elle a été mise en place il y a 18 ans « pour augmenter le taux de matière organique des terres argileuses et réduire l’érosion hydrique et éolienne », explique l’agriculteur. Une préoccupation assez rare en Ukraine, qui gère plutôt le sol à court terme, le foncier n’appartenant que rarement à l’exploitant. Pour  preuve, Vadim compte 1 100 propriétaires pour 3 500 ha, avec une durée des baux qui varie entre 5 et 10 ans. « Au début, en semis direct, j’ai constaté des problèmes d’adventices en maïs, d’autant qu’en production de semences je ne peux pas utiliser de nicosulfuron. Mais en combinant le désherbage mécanique et l’utilisation d’autres matières actives, nous sommes parvenus à les maîtriser. »

10 % de la SAU pour35 % de la valeur ajoutée

Sur le suivi technique, Mas Seeds est très présent. Au début, l’entreprise gérait aussi la castration. Depuis, Vadim a investi dans une castreuse et s’occupe seul de cette étape délicate. Autres preuves du partenariat serré qui les lie : dans le cas d’un dégât de grêle, les dommages sont répartis à 50-50 % entre l’agriculteur et Mas Seeds. Dernier exemple en date : l’usine projette de construire un hangar qu’elle louerait à l’agriculteur. Le but : abriter le matériel agricole (castreuse, semoir, bineuse…) pour qu’il s’abîme moins, et créer un atelier chauffé pour la maintenance l’hiver.

Si Vadim apprécie de travailler avec Mas Seeds - « un partenaire fiable », ce qui n’est pas toujours le cas au sein du pays - l’intérêt de produire des semences est d’abord économique.

Le rendement moyen en maïs en Ukraine s’établit à 7 t/ha. Chez Vadim, il monte en moyenne à 12 t/ha, grâce notamment à l’irrigation. La semence est payée 20 % de plus que le maïs « conso » afin de tenir compte du coût de la castration et du risque de défaut de pollinisation dû à la chaleur.

À la question, « à quel prix vendez-vous votre maïs semences à Mas Seeds », le chef d’exploitation n’a pas souhaité répondre.Il a toutefois consenti à dire que « quand, sur une exploitation, la production de semence de maïs totalise 10 % de la SAU, elle représente 35 % de la valeur ajoutée ».