«Il a fallu oser investir pour cette installation, qui est la première en France toutes cultures confondues », se félicite Guillaume Heymerick, président de la coopérative Terre de lin, à Saint-Pierre-le-Viger (Seine-Maritime), lors de l’inauguration de ThermoSem, la nouvelle ligne de désinfection des semences de lin par la vapeur. Également utilisable sur céréales et plantes potagères, la technologie n’a pas encore fait d’émules dans l’Hexagone.
Depuis 2014, Terre de lin travaille à l’aseptisation des graines, « socle de notre production ». Car, pour être certifiées, elles doivent répondre à des seuils maximum d’infestation par les pathogènes - fréquemment présents à la récolte - que sont la fusariose, le botrytis, l’alternaria ou le phoma. Jusqu’à présent, l’état sanitaire des semences requis était uniquement obtenu par l’application d’un traitement chimique.
La coopérative a testé différentes alternatives (huiles essentielles, biocontrôle, flash lumineux et radiations) pendant quatre ans. Seule la technologie ThermoSem, développée par la société suédoise ThermoSeed depuis 1996, a tiré son épingle du jeu. « La technique marche mieux que la plupart des produits chimiques », précise Jean-Paul Trouvé, responsable recherche de la coopérative.
Des lots aux normes
La désinfection est permise par la vapeur d’eau qui, contrairement aux autres méthodes, n’induit pas la germination. Le procédé se décompose en deux étapes. Les graines passent dans un premier tunnel rempli de vapeur d’eau. Puis, le refroidissement et le séchage rapide sont réalisés dans un second tunnel. Pour chaque lot de semences, l’intensité du système est adaptée et combine quatre facteurs : température, durée, humidité et débit de l’air. « Nous avons obtenu des taux de germination au champ, pour une soixantaine de lots testés chez les agriculteurs, de l’ordre de 92 [taux minimum à avoir] à 99 % et des infestations quasi nulles, avec de temps en temps une petite trace, loin des 5 % requis », synthétise Jean-Paul Trouvé. Pour la campagne 2019, Terre de lin a produit 10 % de ses semences de lin textile (variétés Aramis et Bolchoï) par le procédé ThermoSem, soit 500 t pour une partie de ses 650 adhérents. En 2020, le pourcentage devrait quadrupler et atteindre 60 % en 2021, prévoit Cyril Delacroix, responsable semences de la coopérative.
Isabelle Lartigot