Le canola, cultivé principalement au Canada et conçu par la firme américaine Cubis, est une variété de colza de « nouvelle génération », modifié par une technique d’édition génomique pour la rendre résistante aux herbicides. La mutation génétique qu’elle porte n’était jusqu’ici pas détectable en laboratoire, rendant le canola indiscernable des cultures non modifiées.

Un nouveau test

Les pays de l’Union européenne n’avaient donc pas d’outil pour contrôler son éventuelle présence dans les importations. Un consortium dirigé par le Health Research Institute (Iowa, États-Unis) a mis un point un procédé permettant de déceler cette variété, décrit dans la revue scientifique Foods.

 

Il s’agit d’un test moléculaire PCR en temps réel, similaire à ceux qui sont utilisés dans les laboratoires pour contrôler la présence d’OGM, selon cette étude qui a été financée par des ONG comme Greenpeace, des associations, et Spar, la principale enseigne de la grande distribution en Autriche.

 

À lire aussi : Contaminés par un OGM, 8 000 hectares de colza à détruire (05/02/19)

Lutter contre les fraudes

Pour Greenpeace, cette découverte vient « réfuter les affirmations des industriels selon lesquels on ne pouvait pas détecter ces OGM, et donc que la loi ne pouvait pas s’appliquer ». « Certes, les Canadiens ne sont pas censés exporter ces OGM en Europe. Mais techniquement, nous n’avions pas les moyens de le vérifier », a développé Franziska Achterberg, directrice de la politique alimentaire de Greenpeace dans l’Union européenne, interrogée par l’AFP.

 

Le nouveau procédé permettra également à la grande distribution et aux organismes de certification de s’assurer que les produits ne contiennent pas cette variété. « Il s’agit d’une étape clé dans la protection des consommateurs et des entreprises européens […] », s’est félicitée Heike Moldenhaueur pour Vlog, une association allemande d’organismes de certification, dans un communiqué.

« Sans surcoût »

Le nouveau test « est opérationnel. Il va pouvoir être utilisé sans surcoût par les laboratoires de contrôle et les services de la répression des fraudes », a expliqué Yves Bertheau, spécialiste des OGM à l’Inrae (Institut national de la recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement).

 

Pour les opposants aux OGM, l’édition de gènes, une technique ciblée qui permet de provoquer une mutation de la plante sans ajouter de matériel génétique étranger, induit une manipulation « mal maîtrisée », aux « effets inattendus », détaille le chercheur. La résistance aux herbicides qu’elle provoque permet d’avoir plus souvent recours à ces produits, ce qui présente des risques pour la santé et l’environnement, selon eux.

 

À lire aussi : Le décret sur la mutagenèse a encore du chemin à faire (16/07/2020)