Ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier. C’est ce à quoi s’applique Jean-Michel Bonato. Sur ses 90 hectares, à Triqué, dans le Gers, l’agriculteur conduit depuis vingt ans 27 hectares de semences de betteraves, maïs, et oignons. Elles sont installées après des pailles : souvent du blé améliorant, qui alterne avec du tournesol, et parfois de l’orge. Cette dernière amène plus de souplesse pour la gestion de la contrainte incontournable en production de semences, la gestion des délais de retour des cultures porte-graines sur une même parcelle. Ceux-ci sont de cinq ans pour les oignons et les betteraves, et de deux ans pour le maïs. L’orge est aussi, avec 850 euros de produit brut par hectare, plus rentable que le tournesol.
Mutualiser pour réduire les charges
Jean-Michel Bonato a misé sur une diminution des charges de mécanisation en fondant une Cuma, peu de temps après son installation en 1985. Cette mutualisation s’est ensuite poursuivie par la création d’une société de stockage et l’emploi de deux ouvriers en charge des interventions culturales pour les adhérents de la Cuma. Pendant un temps, avec quatre adhérents de la Cuma, il a pratiqué l’assolement en commun. Cette forte mutualisation a permis une optimisation de ses charges de mécanisation (180 €/ha) et une meilleure valorisation de sa production.
Pour améliorer son résultat, le céréalier délaisse le tournesol, pas assez rémunérateur dans ses terres séchantes où, « quatre années sur cinq, on fait 20 q/ha, soit un produit brut de 700 €/ha », précise-t-il. Les cultures de substitution sont conduites en sec, car l’eau, réservée à la production de semences, est limitante. Ainsi, les cultures à forte valeur ajoutée, celles d’automne ou celles qui ont un cycle plus précoce que le tournesol sont privilégiées, puisqu’elles « passent mieux le cap de mai-juin », marqué par un manque d’eau et des grosses chaleurs. Il y a d’abord eu le colza porte-graine, commencé il y a six ans. Son délai de retour est particulièrement long (sept ans), et cette culture nécessite une gestion rigoureuse des repousses après la récolte. Puis, cette année, Jean-Michel s’est essayé à produire sur 6 hectares une culture qu’il ne connaissait pas : la coriandre. Pari réussi ! (lire ci-dessous).