Dans un contexte sous-tendu par le non-renouvellement de son contrat-cadre avec Savencia, l’organisation de producteurs (OP) Ouest’Lait, l’une des quatre OP de Sunlait, a tenu son assemblée générale le 18 mars à Saint-James en Normandie. Les débats se sont enchaînés à vive allure, ponctués de témoignages d’éleveurs « démissionnaires forcés » de l’OP et collectés en contrat individuel par Savencia. Démissionner, c’était la condition pour continuer d’être collecté par le groupe fromager « et pour rester fidèle à Ouest’Lait », avance Denis Berranger, vice-président de l’OP. Deux options s'offrent aux éleveurs en fin de contrat d'application : rejoindre une autre OP, France Milk Board (FMB), ou trouver un autre collecteur via Ouest'Lait..
Si le gros des troupes verra son contrat d’application arriver à échéance entre 2028 et 2029, ils sont quelques dizaines déjà concernés sur l’année 2025, majoritairement entre avril et juin. Comme Séverine Rossignol, qui s’est vue « obligée de démissionner » le 28 février dernier pour partir en contrat individuel. « Je suis en cours de négociations avec Savencia pour ce contrat », rapporte-t-elle. Bilan de l’éleveuse, « il faut maintenir le collectif, en contrat individuel vous n’aurez rien ». Pour Fabrice Guérin, la date fatidique arrive le1er avril. « J’ai du mal à me résoudre à signer un contrat individuel, j’ai adhéré à Ouest’Lait pour faire partie d’un collectif », témoigne-t-il devant l’assemblée.
Retrait du mandat à Sunlait
Le cap pour 2025 est donné par les membres du bureau. Ouest’Lait souhaite toujours signer un accord-cadre avec Savencia, pour assurer à ses 456 adhérents de la visibilité. Pour se donner toutes les chances, l’assemblée générale marque le coup. Elle a voté le retrait du mandat de négociation à Sunlait, son association d’organisations de producteurs. En clair, Sunlait ne sera donc plus responsable de la mise sur le marché des volumes de Ouest’Lait.
Mais ce choix n’assure pas à l’OP de signer un nouveau contrat-cadre avec le groupe fromager. Fort de ses 330 millions de litres par an, Ouest’Lait indique chercher de nouveaux clients et avoir reçu des sollicitations.
Danone sur le coup
Deux pistes concrètes s’offrent à l’OP. Danone, à la recherche de volumes sur tout le territoire français, voudrait reprendre plusieurs dizaines de millions de litres. La laiterie de Remouillé en Loire-Atlantique qui conditionne les produits de la marque « En Direct des Éleveurs » devrait reprendre 3 à 5 millions de litres chez Ouest’Lait d’ici à l’été 2025, et pourrait avoir des besoins de 10 à 15 millions de litres dans le futur. « Ces deux partenariats seraient des contrats sur le long terme », se réjouit le président de Ouest’Lait Landry Rivière. Une phase de recensement des producteurs intéressés va commencer parmi les 65 à 70 % d’éleveurs de l’OP propriétaires de leur tank à lait.
La vitesse est donc enclenchée pour diversifier les débouchés de Ouest’Lait. Les Maîtres Laitiers du Cotentin ont déjà signé un contrat pour 6,5 millions de litres avec le groupe de producteurs en novembre dernier, qui court jusqu’en 2029. Et c’est la SAS Ouest’Lait Prod qui gère la facturation, via les services de la SAS Voie Lactée. Ce système devrait s’appliquer également avec « En Direct des Éleveurs ».