« L’objectif n’est pas de ne plus traiter les animaux avec des antibiotiques, mais bien réduire leur utilisation au strict nécessaire », a rappelé Jean-Yves Madec, directeur scientifique de l’axe antibiorésistance à l’Anses, lors d’un point avec la presse le 13 novembre 2023. Et le pari semble réussi. D’après l’Agence sanitaire, en 2022, le volume total des ventes d’antibiotiques en santé animal était de 276 tonnes, soit 95 tonnes de moins sur un an (–26 %) et « une chute de 79 % depuis le début du suivi des ventes en 1999 ».

Ce net recul des ventes par rapport à 2021 s’explique notamment par la nouvelle réglementation européenne entrée en vigueur l’an passé. Celle-ci interdit l’utilisation préventive d’antimicrobiens dans les aliments médicamenteux. Elle impose également des restrictions sur la prescription d’antimicrobiens dans les aliments médicamenteux.  « Ce cadre nouveau a été bien préparé, grâce à une parution du texte en 2019, et une mise en application en 2022 », rapporte Franck Fourès, directeur de l’Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV).

Les animaux de rente en bons élèves

Par conséquent, l’an passé, l’exposition des animaux aux antibiotiques (1) était en retrait de 9 % sur un an. Dans le détail, elle progresse très sensiblement pour les bovins (+1 %), mais recule nettement chez les porcs (–21 %) pour les porcs, les volailles (–12 %), les lapins (–35 %), et dans une moindre mesure, pour les chats et les chiens (–3 %).

Depuis le premier plan Ecoantibio de 2011, « l’exposition aux antibiotiques a diminué pour toutes les espèces productrices de denrées alimentaires ». Les chiffres sont sans équivoque : –23 % pour les bovins, –67 % pour les porcs, –72 % pour les volailles, –64 % pour les lapins.

Sur cette période, la réduction de l’exposition des chats et des chiens aux antibiotiques est bien plus modérée (–3 %). « L’évolution de l’exposition des chats, des chiens et des chevaux appelle à rester vigilant et doit continuer être surveillée », souligne l’Anses. Sur la totalité des espèces, l’exposition aux antibiotiques est en baisse de 52 % depuis 2011.

Davantage d’antibiorésistances chez les équidés

Concernant les antibiotiques critiques (2), « de fortes baisses d’exposition ont été observées depuis 2011 », note l’Agence sanitaire : –95 % pour les céphalosporines de dernières générations, –88 % pour les fluoroquinolones et –79 % pour la colistine. « On atteint un plateau bas de résistance », observe Franck Fourès.

Quelques inquiétudes perdurent concernant les équidés. D’après les résultats du Réseau d’épidémiosurveillance de l’antibiorésistance des bactéries pathogènes animales (Résapath), pour cette espèce, la multirésistance (1) a progressé de 10 % entre 2017 et 2022. Une « hausse des proportions » des résistances au ceftiofur et aux fluoroquinolones (antibiotiques critiques) a également été observéesur les quatre dernières années.

(1) Aussi appelée ALEA pour Animal Level of Exposure to Antimicrobials.

(2) Qui constituent une des seules alternatives pour le traitement de certaines maladies infectieuses chez l’homme.

(3) Résistance acquise à au moins trois antibiotiques parmi un panel de cinq testés (amoxicilline, gentamicine, tétracycline, triméthoprime-sulfamides, acide nalidixique)