Vacciner… ou pas. Ce débat de santé publique n’est pas seulement relancé en médecine humaine. Il trouve aussi un écho favorable dans les épisodes sanitaires qui ont affecté différents types d’élevage ces derniers temps. Pour l’espèce humaine, face à la réémergence de maladies infectieuses, les autorités ont tranché en rendant obligatoires huit vaccins supplémentaires en 2018, chez les enfants de moins de 18 mois. Histoire aussi de rafraîchir la mémoire sur les bénéfices collectifs apportés par les vaccins.
Du côté des espèces animales, qu’il s’agisse de la FCO (fièvre catarrhale ovine), de la grippe aviaire ou de l’insaisissable BVD (maladie des muqueuses), la question vaccinale bute sur des épidémiologies complexes et ne tombe pas forcément sous le sceau de l’évidence. Pour la FCO comme pour la grippe aviaire ou le BVD, le fait que la faune sauvage représente un important réservoir à virus pose de multiples questions sur la capacité à maîtriser leur transmission, notamment à l’aide de vaccins. Pour la FCO, qui plus est, il faut tenir compte du culicoïde, vecteur furtif de la maladie. Dès lors, et sans incidence sur la santé humaine, le coût d’une stratégie de vaccination doit être mis en balance avec le risque avéré dans les élevages.
Le principe de précaution, oui mais à quelle hauteur et à quel prix ? Cette question prévaut aujourd’hui, mais dans l’autre sens, à travers le bilan de la grippe aviaire (lire page 18), qui s’est soldé par des millions d’abattages. Des voix se sont élevées pour justifier une vaccination ciblée autour des foyers. Lorsque la méthode employée fait plus de ravages que le virus lui-même, cela interpelle en termes d’analyse de risques.
Sensés être acteurs de l’état sanitaire de leurs animaux, les éleveurs ne sont en réalité pas assez impliqués dans les arbitrages entre responsabilité individuelle et collective. Souvent au nom de l’image de la France sur ses marchés à l’export.