Pour répondre aux éleveurs en difficulté face à la présence du loup, l’Office fédéral suisse de l’agriculture (OFAG) a modifié une nouvelle fois l’ordonnance sur les paiements directs dans le cadre du train d’ordonnances agricoles de 2022.

 

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Déscente précoce d’alpage

En 2021, un nombre plus important de troupeaux ont dû descendre précocement d’estive. En consultation publique de janvier à mai, l’ordonnance sur les paiements directs sera modifiée : les contributions d’estivage seront augmentées, à condition que les éleveurs mettent en place des moyens de protection contre le loup.

 

Ces aides ne s’adressent qu’aux éleveurs d’ovins, qui recevront les contributions d’estivage et celles à la biodiversité dans leur intégralité, même s’ils doivent quitter l’alpage précocement en raison de la présence du prédateur.

150 loups et 15 meutes

Ces augmentations sont financées à hauteur de 3 millions de francs suisses (2,9 millions d’euros), grâce aux contributions de transition (2014-2021) qui ont été prolongées après la suspension de la politique agricole 22 (PA22 +, l’équivalent de la Pac européenne) par le Parlement en désaccord avec le Conseil fédéral. Les nouvelles ordonnances entreront en vigueur au 1er janvier 2023, mais elles seront appliquées de manière rétroactive au 1er janvier 2022.

 

Dans un communiqué de presse, l’Union suisse des paysans (USP), syndicat majoritaire agricole, s’en félicite, « car les travaux d’estivage augmentent beaucoup si un loup rôde dans les parages », mais regrette que cette augmentation dépende d’exigences plus élevées, étant donné que la mise en œuvre de la protection des troupeaux varie en fonction de la région d’estivage. Selon l’Office fédéral pour l’environnement (OFEV), la Suisse compte actuellement cent cinquante loups et au moins quinze meutes sur son territoire.

Une régulation en débat

Cette modification s’inscrit dans un contexte politique tendu. « Cette ordonnance est pour contenter les agriculteurs à court terme, c’est une bouée de sauvetage pour que la saison se passe bien », explique Sélina Droz, gérante de la Société suisse d’économie alpestre.

 

Le 27 septembre 2020, le projet de révision de la loi sur la chasse a été refusé à 51,9 % par les Suisses lors d’un référendum. Cette loi proposait une régulation préventive du loup, à savoir le droit de l’abattre avant qu’il ait attaqué un troupeau, ainsi que sa gestion au niveau cantonal plutôt que fédéral.

 

À la suite de ce refus, le Conseil fédéral a modifié l’ordonnance sur la chasse en juin 2021 en faveur du tir facilité du loup. Le prédateur peut être abattu à partir de dix moutons tués, au lieu de quinze précédemment.

 

Le Parlement prépare actuellement un nouveau projet de modification de la loi sur la chasse, tandis que les organisations agricoles et de défense de la nature ont échangé pour proposer une position commune sur la gestion du loup.

 

En attendant les délibérations, l’OFAG a ainsi augmenté les contributions, tandis que l’OFEV a débloqué en mars dernier 5,7 millions de francs suisses (5,53 millions d’euros) pour financer les mesures de protection des troupeaux à la saison prochaine.

 

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