« Depuis notre première animation foncière en 2020 auprès de Cœur d’Essonne Agglomération dans le cadre du programme Sésame, deux autres ont été lancées pour Grand Paris Sud, et l’agglomération de Cergy Pontoise, souligne Marie-Liesse Vedrenne, conseillère et animatrice foncière de Sésame. À chaque fois, l’objectif est de mobiliser du foncier pour faciliter le renouvellement des générations par l’installation de jeunes et la transmission par les cédants, et de viser un territoire nourricier. »
Création ou consolidation
Et ça marche. En cinq ans, une vingtaine d’exploitations ont été accompagnées (quatorze créations ou reprises, le reste en consolidation d’exploitations existantes) sur 300 ha du territoire de Cœur d’Essonne et ses environs. Quatre ou cinq créations ou transmissions d’exploitations supplémentaires sont prévues en 2025.
Concrètement, une collectivité qui souhaite développer les projets agricoles et alimentaires sur son territoire fait appel à la Safer qui crée une cellule foncière : un groupe de travail technique qui se réunit toutes les six semaines. Il est composé d’acteurs locaux qui accompagnent des porteurs de projets (chambre d’agriculture, point accueil installation, Terre de liens, centre de formation, Espace test agricole…), portent le développement de projets de territoire (collectivité, parc naturel régional, service de l’État comme la DDT ou la Driaaf…), et peuvent posséder du foncier mobilisable (syndicat de rivière, conservatoire d’Espaces naturels, Île-de-France Nature…).
Sur le long terme
« L’animation doit au moins durer trois ans pour construire une dynamique collective afin de lever les freins d’accès au foncier puis accompagner les porteurs de projets, estime Marie-Liesse Vedrenne, qui précise que la Safer de l’Île-de-France et Cœur d’Essonne sont pionniers sur ce type d’animation. Cela met de l’huile dans les rouages entre tous les partenaires pour plus d’efficacité. Un travail approfondi sur la recherche de foncier et de porteurs de projets qui répondent aux besoins du territoire est réalisé, ainsi que sur le financement, et la faisabilité technique de l’installation, notamment à travers l’accès à l’irrigation ou à des bâtiments. Toutes les chances sont ainsi données aux projets pour être viables. »
Projet de territoire
Selon l’origine du foncier, chaque acteur suit sa procédure concernant les critères d’attribution. Le choix peut se porter vers des circuits courts et du bio, par exemple, si cela correspond au projet de territoire et aux plans des repreneurs.
Le financement de la cellule d’animation est porté notamment par la collectivité (qui peut activer des fonds de son plan alimentaire territorial — PAT) et la Safer. Dans les trois animations franciliennes, il y a un autre partenaire financier : la banque des territoires, le parc naturel du Vexin ou le programme Sésame.
« Nous avons fait le pari de mobiliser des acteurs locaux essentiels, souvent isolés dans leurs actions, en créant un cadre de travail régulier et doté de moyens. Nous avons un modèle innovant, un outil efficace et qui peut s’exporter », se réjouit Éric Braive, président de Cœur d’Essonne Agglomération. Il reconnaît que « la Safer a pris le taureau par les cornes en affectant du personnel pour animer une cellule foncière pour ne quasiment pas manquer d’opportunités d’installer des agriculteurs » sur le territoire.
Pôle d’animation
Pour répondre aux besoins croissants des collectivités, un pôle d’animation territoriale à la Safer de l’Île-de-France a été créé en octobre 2024. « C’est un geste fort qui permet de professionnaliser les équipes et de dégager du temps pour ces missions », estime Sarah Charre à la tête de ce nouveau pôle. Trois animateurs et conseillers fonciers, et trois animatrices de territoire agri-urbain le composent.