Le service de la statistique du ministère des Solidarités (Drees) s’est posé la question du degré d’acceptation de la taxe carbone pour financer des mesures de transition écologique. L’enquête porte sur l’année 2022 mais n’a été rendue publique que le 21 février 2024. En résumé, la taxe carbone est particulièrement rejetée en milieu rural.
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Ce n’est pas vraiment une surprise puisque cette taxe pèserait mécaniquement sur ceux qui utilisent le plus la voiture, qui reste essentielle à la campagne. De précédentes études de 2019 avaient déjà montré que, à revenus donnés, face à la hausse de la taxe carbone, les personnes vivant en milieu rural perdent plus de pouvoir d’achat que celles de l’agglomération parisienne, du fait du poids plus élevé du transport et du chauffage individuel dans leur consommation.
Compensations
D’une façon générale, une nouvelle taxe sans compensation ne remporte pas l’adhésion. Sept Français sur dix la refusent. Mais, dans le cas où elle s’accompagne de compensation (par exemple, baisse de la TVA, aide pour les foyers modestes, ciblage des financements vers les politiques environnementales), le taux d’acceptation monte à six résidents sur dix.
Quelle que soit la mesure envisagée, la hausse de la taxe carbone reste moins bien acceptée dans les communes rurales que partout ailleurs. Cependant, l’écart d’adhésion entre les habitants des communes rurales et les Franciliens est trois fois plus faible (de 10 à 15 points d’écart) lorsqu’elle finance une autre mesure, quelle qu’elle soit, que lorsqu’aucune contrepartie n’est mentionnée (37 points d’écart).
Transports en milieu rural
La compensation qui recueille le plus d’approbation est la création de services, d’emplois et de transports dans les zones rurales : trois personnes sur quatre la soutiennent dans l’ensemble de la population, mais aussi deux sur trois vivant dans une commune rurale. Parmi les 4 000 personnes interrogées pour cette étude (zones rurales ou non), 27 % se déclarent prêtes à limiter leurs trajets en voiture. Cette part atteint 36 % lorsqu’elles se projettent dans une situation où les transports en commun seraient plus développés à proximité de chez elles.
Ceux qui adhèrent à une hausse de la taxe carbone compensée par des financements publics ciblés ou par la création d’emplois et de services de proximité dans les zones périphériques et rurales, sont davantage prêts à limiter leurs trajets en voiture. Ainsi, parmi ceux déclarant être favorables à ces deux mesures environnementales et utilisant une voiture, 35 % se disent « beaucoup » ou « totalement ou quasi totalement » prêts à limiter leurs trajets en voiture, contre 21 % parmi ceux qui n’y sont pas favorables.