Les agriculteurs se sentent trahis. Ils sont venus le dire ce 3 octobre 2020, près du site retenu pour la construction de la retenue d’eau de Sivens. Soixante-dix agriculteurs et élus ont donc bloqué la départementale Gaillac-Montauban, près du site prévu pour la retenue d’eau de la vallée du Tescou, pour manifester leur ras-le-bol face au silence de l’État.
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Le « projet de territoire le plus avancé »
Quatre années de travail, 200 réunions, 1 million d’euros d’études menées par des organismes neutres... Et silence radio de l’État. En 2016, suite aux évènements qui avaient eu lieu à Sivens, l’État avait demandé aux interlocuteurs positionnés pour et contre la création de la retenue d’eau, de se retrouver autour de la table. Objectif, bâtir ensemble un projet de territoire qui réponde au mieux aux attentes de tous.
« Il s’agit aujourd’hui du projet de territoire le plus avancé de France, souligne Maryline Lherm, maire de Lisle-sur-Tarn, où se trouve le site de Sivens. En août 2019, Emmanuelle Wargon, ministre de la Transition écologique nous avait félicités d’avoir accompli 95 % du travail.»
« Quatre fiches d’actions sont prêtes et n’attendent plus que d’être confiées à des maîtres d’ouvrage, poursuit-elle. C’est un projet pour la vie de la vallée, pas uniquement pour les agriculteurs. En premier lieu, tout le monde s’accorde pour dire qu’il faut de l’eau et pour cela créer une retenue. »
Le grand parapluie de l’État
Mais un revirement de situation a tout stoppé. Un nouveau collectif anonyme, « Habitants d’ici et d’ailleurs », qui semble regrouper des associations environnementalistes pourtant associées au projet de territoire, s’est manifesté pour avancer ses propres idées. Il est « contre le barrage de Sivens et la destruction de la zone humide », comme à l’époque de la Zad, comme si rien n’avait changé et qu’il ignorait que la « zone humide », l’été, n’a même pas une flaque pour les grenouilles. Le Tescou est à sec.
« La préfète du Tarn considère qu’il n’y a plus de consensus, tempête Pascale Puibasset, la présidente de l’Association Vie eau Tescou. Elle ne donne pas son feu vert pour la réalisation des projets et ne nous répond plus. Il s’agit d’injonctions contradictoires de la part de l’État ! »
« Beaucoup d’entre nous ont suivi les 200 réunions, ajoute Maxime Durand, le président de l’Association Tescou avenir, qui regroupe vingt agriculteurs. Nous avons entendu ceux qui sont contre le projet, ils sont une minorité, mais les études qu’ils demandaient ont été réalisées. Nous avons été honnêtes et nous nous sentons complètement délaissés. La manifestation d’aujourd’hui est un ultimatum. »