La technicité de Claude Collange, éleveur d’une trentaine de salers à Neuville-sur-Ailette, dans l’Aisne, est bien connue. Récompensé par les Sabots d’Or (1) en 2012 et en 2021, et deux fois Sabot d’Argent, l’éleveur ne cesse d’améliorer ses résultats du contrôle des performances chaque année.

Lorsque Claude reprend la ferme familiale à la fin des années 1980, il choisit la race salers pour constituer son cheptel bovin. Très vite, il se découvre une passion pour la génétique et les concours. Les index de son troupeau parlent d’eux-mêmes. « Pour la campagne 2019, l’index de synthèse de valeur maternelle (IVMAT) moyen des vaches et génisses présentes s’établit à 111,2 », analyse Didier Oden, responsable Bovins Croissance à Avenir Conseil Élevage. S’agissant des veaux nés, leur index de synthèse au sevrage (ISEVR) moyen s’élève à 110,4 contre 101,3 pour la race.

Une sélection génétique rigoureuse

Pour la mise à la reproduction de ses femelles, Claude a pris le parti de l’insémination artificielle (IA) depuis plus de vingt-cinq ans. « C’est l’assurance d’obtenir des valeurs sûres, indique l’exploitant, aussi président de l’Association des éleveurs salers de l’Aisne. D’autant que le choix des taureaux d’IA est de plus en plus diversifié, permettant de réaliser des plans d’accouplement raisonnés. » Claude, qui vend deux à cinq taureaux reproducteurs par an, garde 10 % de ses femelles pour la monte naturelle afin d’évaluer la qualité de leur descendance. « Je sélectionne les meilleures lignées laitières pour le renouvellement. Plus globalement, je prête attention à la docilité, la morphologie et la qualité des aplombs. »

Début novembre, Claude rentre en bâtiment ses vaches et génisses, soit quinze jours à trois semaines avant la mise à la reproduction. Pour les préparer, transition alimentaire et cure minéralisée sont de rigueur. « La race salers est réputée pour très bien valoriser l’herbe. Mes vaches reviennent de leur saison de pâturage toujours en état. C’est un critère essentiel pour la réussite à l’IA », rapporte-t-il. En amont, il consacre beaucoup de temps à la surveillance des chaleurs, qu’il répertorie dans son carnet pour planifier les IA. « J’attends toujours au minimum 65 jours après le vêlage. Dès que je les vois exprimer leurs chaleurs, l’inséminateur passe. » « À chaque IA, 1,3 paillette est utilisée en moyenne pour l’ensemble des femelles », complète Didier Oden.

Depuis cinq ans, Claude réalise également des échographies deux fois dans l’hiver. « Cela permet d’anticiper les événements à risque », précise l’éleveur, qui rapproche ses vaches porteuses de jumeaux près des bâtiments pour plus de surveillance. C’est aussi un moyen d’accélérer la mise à la réforme des vaches vides. Chez lui, l’écart entre le dernier vêlage et la vente à la boucherie est de 260 jours en moyenne, contre 314 pour la race. Le taux de renouvellement du troupeau atteint 25 % sur les quatre dernières campagnes.

100 % des vêlages sans aide

Les femelles et leurs suites retournent à l’herbe au début du mois d’avril. Elles ne reçoivent aucune complémentation. Au mois de juin, les veaux sont pointés au sevrage par Bovins Croissance, permettant ainsi de décider du devenir des animaux au plus juste en fonction de leur potentiel. « Je cherche à avoir un troupeau le plus fidèle aux standards de la race », relève Claude, évoquant notamment le critère de rusticité. Les plus performants sont gardés en tant que reproducteurs, et les autres sont vendus comme broutards à l’âge de neuf mois, à 400 kg vifs en moyenne.

La totalité des mises bas s’échelonne entre août et novembre, dont plus de 60 % en septembre. « Les vêlages groupés constituent un levier important pour gagner en productivité », souligne Didier Oden. Sur la dernière campagne, l’intervalle vêlage-vêlage (IVV) du troupeau était de 368 jours, soit 22 jours de moins que la moyenne raciale. 100 % des vêlages se déroulent sans aide, ce qui réduit grandement les frais vétérinaires. « À l’automne, les conditions climatiques au pré sont encore favorables », conforte Claude.

Avec son conseiller, l’éleveur travaille depuis peu sur l’avancement de l’âge au premier vêlage, une autre stratégie payante pour améliorer ses résultats de reproduction. « Les génisses inséminées trop grosses affichent en général un taux de réussite à l’IA plus faible », remarque Didier Oden. En quatre ans, les primipares salers de Claude sont passées d’un âge au premier vêlage de 36 à 32 mois.

(1) Le concours des Sabots d’Or, organisé par France Conseil Élevage, récompense les meilleurs élevages ainsi que les conseillers Bovins Croissance en races allaitantes sur le plan génétique et technique.