Avec à peine 7 heures par vêlage et par an, Jean Bernard, à la tête de 160 vaches à L’Ebaupinay, dans les Deux-Sèvres, figure parmi les élevages les plus efficaces de l’enquête des Pays de la Loire-Deux-Sèvres. « Le groupage des vêlages sur les mois d’août et septembre essentiellement est un des éléments clés de cette rationalisation, souligne Pascal Bisson, conseiller à la chambre d’agriculture des Deux-Sèvres et auteur de la synthèse de l’enquête. Sur les 160 mises bas, à peine une quinzaine se déroulent en octobre. « Plus la période de la reproduction est courte et plus les différentes tâches sont concentrées dans le temps. Les sevrages ont lieu deux ou trois fois par an seulement. Idem pour l’écornage ou la vente. C’est aussi un moyen de réduire la pénibilité. La rationalisation des tâches devient incontournable, parce qu’il est beaucoup plus difficile aujourd’hui que par le passé de trouver de la main-d’œuvre bénévole. Les épouses travaillent souvent à l’extérieur et les grands-parents participent de moins en moins aux travaux après leur départ en retraite. »
Fin de l’été : une période adaptée
Jean a choisi la fin de l’été pour centraliser ses vêlages. « C’est l’époque la mieux adaptée pour limiter les problèmes sanitaires », souligne-t-il. La surveillance est aussi plus agréable. « Sortir la nuit est moins difficile qu’en hiver. Le temps est souvent clément, je ne rentre jamais transi de froid et je me rendors facilement. » Avant le vêlage, les vaches sont regroupées en un lot, sur deux pâtures (11 ha). Sur l’une, les charolaises sont alimentées, tandis qu’elles s’isolent sur l’autre lorsque la mise bas approche. Ces parcs, attenants aux bâtiments, sont néanmoins situés à 1 km du domicile. Datant d’une dizaine d’années, ils n’ont pas été construits plus près en raison de la proximité des ruines d’un château classé. Pour autant, la distance ne pose pas de problème. Jean se rend sur le site avec son 4 × 4. « J’effectue des rondes toutes les nuits, indique-t-il. Je me réveille sans difficulté, et sans réveil, entre 2 et 3 heures du matin. J’accède directement au paddock sans descendre du véhicule grâce à un passage canadien. »
Après quarante ans d’expérience, l’exploitant décèle rapidement s’il a besoin d’intervenir. Cela ne concerne que 20 % des vêlages. Aucune césarienne n’a été réalisée ces dernières années. Les qualités maternelles et les facilités de naissance sont des critères primordiaux lors de l’achat des taureaux. Les veaux, petits à la naissance, vont facilement téter seuls, ce qui simplifie la surveillance également. « J’essaie d’acheter des taureaux avec des index d’environ 115 d’Ivmat et 120 Isevr », précise Jean. Outre le gain de temps, Jean obtient de bons résultats de productivité, puisqu’avec 165 vêlages, il dénombre, en octobre, 164 veaux. Avec 7 paires de jumeaux, le taux de perte reste inférieur à 5 %.
Rigueur pour les réformes
Rigoureux pour la surveillance, Jean l’est aussi dans la conduite de la reproduction. « Pour être sûr d’avoir 165 vêlages, je mets 220 vaches et génisses à la reproduction, ajoute-il. Le taux de renouvellement se situe autour de 35 %. Les taureaux entrent dans les lots de vaches à la Toussaint et ils sont retirés systématiquement à Noël. Les échographies réalisées début février permettent de réformer les vaches vides. Aucun écart n’est toléré. Cela explique aussi un bon intervalle vêlage-vêlage, autour de 369 jours. « L’importance du taux de jumeaux n’est pas surprenante puisqu’on sélectionne sur la fertilité », signale Pascal Bisson. Ces conduites s’accompagnent souvent d’un flushing qui favorise la multi-ovulation.
Après la réforme, les vaches sont engraissées pendant deux ou trois mois. Tous les mâles sont vendus maigres. L’efficacité dans la distribution de la ration et le paillage pendant l’hiver est également constatée chez Jean. Avec 1,3 h/vêlage consacrée à l’alimentation pendant l’hiver, son temps est inférieur de 6,8 h par rapport à la référence. Le choix des équipements est un élément important (voir ci-dessus).