Pionnières des circuits courts militants, les Associations pour le maintien d'une agriculture paysanne (Amap) seraient aujourd'hui plus de deux mille, selon les dernières estimations du réseau national. Leur modèle économique repose sur l'engagement des consommateurs adhérents - les amapiens - à acheter les produits toute l'année. Ils payent l'intégralité de leurs abonnements par avance, en une ou plusieurs fois. Une aubaine de trésorerie !

« Les consommateurs acceptent le risque : si je récolte beaucoup, ils ont beaucoup, si je produis peu, ils ont peu », résume Laurent Marbot, maraîcher à Boissy-sous-Saint-Yon, dans l'Essonne, et administrateur du réseau Amap Ile-de-France. En contrepartie, « les amapiens veulent une relation privilégiée avec le producteur. Il faut se placer au même niveau d'exigence que le plus exigeant d'entre eux ! Cela demande un engagement à 100 % et sur le long terme. »

Deux écueils sont à éviter : d'un côté, se reposer sur la solidarité des consommateurs engagés, sans produire assez pour être rentable. De l'autre, viser la quantité et fournir une dizaine d'Amap, au détriment du relationnel. « Les clients risquent de se lasser et de s'en aller, prévient Laurent Marbot. De même, si un maraîcher multiplie les modes de distribution, comment justifier des prix différents entre une Amap et un magasin ? La confiance se brise. »

AU MOINS 50 PANIERS PAR SEMAINE

Chaque Amap a son fonctionnement propre, mais les prix sont toujours fixés d'un commun accord avec les membres (lire l'encadré). « Pour un paysan seul, le seuil de rentabilité se situe à 50 paniers hebdomadaires, facturés entre 17 et 24 euros. Et le maximum gérable, à 90 paniers », estime Laurent Marbot. Une réunion par an au moins est nécessaire pour présenter à l'association ses comptes, les frais engagés, les investissements prévus... L'occasion de renouveler les abonnements, mais aussi de rehausser les tarifs, si besoin. Outre l'ajustement des prix aux coûts réels de production, la rentabilité des Amap repose sur la participation bénévole des amapiens, notamment lors des distributions hebdomadaires. Laurent Marbot, par exemple, ne se soucie que d'acheminer ses caissettes jusqu'au point de livraison. Pour lui, le meilleur indice de performance d'une Amap reste la fidélité de ses membres : « Rien à craindre si le taux de renouvellement annuel des contrats reste au-dessus de 90 % ! »