À l’occasion du troisième « Carrefour sur les plants de pommes de terre » (1) qui avait pour thème « Mobilisation pour une pomme de terre sans phyto », Bernard Quéré, directeur de la FN3PT (Fédération nationale des producteurs de plants de pommes de terre), a rappelé le 15 octobre 2020 que les plants de qualité et la génétique apparaissent aujourd’hui comme des leviers essentiels pour y parvenir.

 

Au cours des deux journées, qui ont mobilisé plus de 150 acteurs de la filière de la pomme de terre, il est apparu que pour répondre à cet enjeu, il fallait combiner le choix variétal, les outils numériques, le biocontrôle et l’agriculture biologique.

Insectes difficiles à gérer

« C’est un exercice qui nous est déjà imposé et difficile à gérer, a-t-il ajouté au sujet de la production de plants sans pesticide. Pour info, avec à peine 30 % des tests Elisa terminés sur plants de pomme de terre, il y a déjà 1 % des surfaces refusées à cause de la présence de viroses. »

 

C’est, selon lui, historique car « habituellement seule une proportion de 0,2 à 0,3 % de la surface est refusée pour ce motif-là. « Alors qu’on a qu’une molécule (+ l’huile minérale) pour lutter contre les pucerons, ça donne un peu l’ampleur du challenge », a-t-il jugé.

 

« L’autre fléau, c’est le taupin avec aujourd’hui à peu près 16 000 tonnes de plants de pomme de terre qui ne sont pas certifiables pour cette raison », a-t-il complété. En Bretagne, il y aurait ainsi quasi la moitié de lots concernés par des attaques de larves de cet insecte.

 

Pour la filière des plants, cela représenterait déjà un manque à gagner important de chiffre d’affaires qu’elle a évalué à 18 millions d’euros, par rapport aux contraintes liées à la commercialisation de plants à la fois déclassés et refusés.

 

« Ce qu’on défend aussi en tant qu’AOP (association des organisations de producteurs), c’est d’avoir des dispositions pour pouvoir continuer à produire du plant sain, a insisté le directeur de la FN3PT. Ça veut dire qu’on défend une exception du plant de pomme de terre pour qu’en consommation, il soit possible de produire sans phyto grâce à ce levier génétique « plant de qualité ». Ça demande des dispositions réglementaires et particulières pour la production de pommes de terre avec toujours quelques molécules phyto ! »

La recherche progresse

« Une pomme de terre sans phyto est un objectif qui semblait relever de l’utopie, a conclu Didier Andrivon, directeur de recherche à l’Inrae-Igepp (Institut de génétique, environnement et protection des plantes). Cependant, les mentalités évoluent : les consommateurs veulent des produits sains, et le mouvement vers une réduction drastique de l’emploi de produits phytosanitaires sur pommes de terre s’amplifie. La recherche progresse et se saisit des enjeux pour promouvoir de nouvelles méthodes et les insérer dans des systèmes de production efficients, respectueux de la qualité comme de l’environnement. Gageons que demain, grâce à ces efforts et à ceux des acteurs des filières, l’utopie deviendra réalité ! »

(1) Porté par l’UMT (unité mixte technologique) InnoPlant², labellisée pour la période allant de 2018 à 2022, qui poursuit le travail engagé dans le cadre du premier programme de travail réalisé sur la période de 2012 à 2017.