Selon un rapport publié dans la revue scientifique Earth System Science Data, le réchauffement planétaire dû aux activités humaines progresse de 0,26°C par décennie. Il s’agit du « rythme le plus élevé depuis le début des relevés », selon le communiqué de presse commun du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), de Mercator Océan International et de Météo-France diffusé le 5 juin 2024.
L’étude porte sur les indicateurs du changement climatique mondial. Elle a été menée par un groupe de 50 scientifiques internationaux de plusieurs organismes français (CEA, CNRS, Mercator Océan International, Météo-France, IPSL-ENS, Paris Saclay).
Plus que cinq années d’émissions actuelles
Au cours de la dernière décennie, de 2014 à 2023, le réchauffement dû aux activités humaines a poursuivi sa hausse par rapport à la période préindustrielle pour atteindre 1,19°C. Il dépasse dorénavant le 1,14°C estimé entre 2013 et 2022.
« L’analyse montre également que le budget carbone résiduel, c’est-à-dire la quantité de dioxyde de carbone qui peut être émise avant d’entraîner un réchauffement de la planète de 1,5°C, n’est plus que d’environ 200 milliards de tonnes, soit l’équivalent de cinq années d’émissions actuelles », s’alarment les auteurs.
La réduction des émissions de soufre, principalement liées à l’industrie du transport maritime mondial, a un effet refroidissant sur le climat. Or, elle diminuerait et ses bénéfices avec. « Bien que ce phénomène ait été compensé l’année dernière par les émissions de particules dues aux incendies de forêt au Canada, le refroidissement induit par les émissions de particules va continuer, à long terme, de diminuer », d’après les auteurs.
Réduire les combustions fossiles
« Une réduction rapide des émissions de gaz à effet de serre, causées à 70 % par la combustion fossile (pétrole, gaz naturel et charbon), limitera le niveau de réchauffement planétaire que nous connaîtrons à terme. Dans le même temps, nous devons construire des sociétés plus résilientes. La dévastation causée par les incendies de forêt, la sécheresse, les inondations et les vagues de chaleur que le monde a connus en 2023 ne doit pas devenir une nouvelle norme », précise le professeur Piers Forster, directeur du Priestley Centre for Climate Futures de l’université de Leeds (Grande-Bretagne) et coordinateur de l’étude.
Les résultats de ce rapport visent à éclairer et à orienter le renforcement des plans d’action climatique que chaque pays doit présenter à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) d’ici à 2025.