L’année 2022, année la plus chaude jamais enregistrée, est encore dans toutes les têtes. « Eh bien, 2022 sera une année normale en 2050 », a averti Serge Zaka, agroclimatologue intervenant le 19 mars 2024 devant l’assemblée générale de la FDSEA de l’Ille-et-Vilaine.
« Plus de pluies en hiver et moins en été »
« Dans la partie nord de la France, il va continuer de pleuvoir la même quantité d’eau, c’est la répartition qui change avec plus de pluies en hiver et moins en été. Le problème des températures extrêmes se pose également », a-t-il poursuivi.
Selon ses projections (1), autour de Rennes, en 2070, l’indice hydrique des sols en été ressemblera à celui actuel de Montpellier, avec une grosse sensibilité à la sécheresse du fait de la faible profondeur des sols et l’absence de nappes phréatiques.
Adapter les bâtiments
« Le réchauffement climatique a déjà un impact sur les cultures, mais ce n’est pas que du négatif en Bretagne », a tenu à rassurer Serge Zaka. En 2022, les rendements étaient en hausse en blé, colza, orge, triticale, car la sécheresse est plus tardive que dans le Sud. Le maïs fourrage a davantage souffert de la sécheresse avec des pertes de 25 %.
« Les rendements vont baisser d’ici à dix ans, a indiqué Serge Zaka. Le pâturage pourra se faire plus tôt au printemps, et plus tard à l’automne, mais la période estivale sera plus impactée. Le stress thermique sur les animaux va impacter la production laitière ces jours-là, jusqu’à une baisse de 23 % de production par vache laitière et par jour. »
« D’ores et déjà, il faut réfléchir à des solutions, insiste Serge Zaka. En élevage, il va falloir équiper les bâtiments (ventilateur, brumisateur…). Pour les cultures, travailler sur les variétés, le travail du sol, les dates de semis… Stocker l’eau, mais aussi faire évoluer le système agricole pour qu’il soit moins demandeur d’eau avec des couverts végétaux, des haies, des talus qui vont ralentir sa course. Pour cela, il faut de véritables politiques d’anticipation, c’est crucial car le changement climatique bouleverse la géopolitique mondiale de l’alimentation ! »
(1) basées sur les scénarios du Giec.