Selon Marie-Christine Premartin, directrice exécutive des programmes à l’Ademe (1), tous les secteurs sont concernés par l’objectif de la neutralité pour le carbone. Cet objectif ne peut être atteint sans un investissement de l’agriculture et de la forêt qui jouent un rôle stratégique en apportant des solutions originales et spécifiques telles que la séquestration à long terme du carbone.
« Le potentiel de stockage additionnel (2) de carbone dans les sols agricoles et forestiers français est de +5,78 Mt de carbone par an dans l’horizon 0-30 cm » des sols français souligne Sylvain Pellerin, pilote scientifique de l’étude (Inra). Il correspond à une hausse de 8,43 Mt de carbone par an si on considère toute la profondeur du sol.
Le stockage additionnel permettrait donc de compenser 6,8 % des émissions de gaz à effet de serre globales, ce qui représente 41 % des émissions agricoles.
Ces résultats positifs permettent d’espérer pouvoir atteindre les objectifs fixés sous plusieurs conditions, notamment le maintien des pratiques stockantes déjà existantes qui seront mises en place dans les années à venir. Il est à noter que la possibilité de stocker du carbone n’exclut pas de réduire l’émission des gaz à effet de serre. Il reste encore la question des moyens qui seront fournis pour que de telles pratiques puissent être adoptées par les agriculteurs.
Les grandes cultures, actrices des objectifs fixés
Le potentiel de stockage additionnel concerne à 86 % le système de grandes cultures. Ces résultats s’expliquent par le fait que les stocks existants sont bas car plus les stocks sont bas et plus le stockage additionnel peut être élevé.
L’augmentation des stocks n’a de sens que si on protège les stocks existants. Si 25 % des prairies sont retournées dans les 30 ans à venir, le gain des pratiques stockantes en grandes cultures serait annulé.
Pas de changement pour les prairies et les forêts
Tout comme pour les prairies, les forêts présentent de faibles capacités à stocker du carbone additionnel quelles que soient les pratiques qui ont été explorées. L’agroforesterie intraparcellaire et les prairies permanentes permettent déjà un stockage important de carbone dans le sol qui ne peut être vraiment amélioré. Tout l’enjeu pour ces pratiques est donc de préserver les stocks déjà présents dans le sol.
(1) Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie.
(2) Le stock additionnel correspond au stock accumulé en comparant le stock de carbone qui serait obtenu si les pratiques stockantes étaient adoptées versus le stock qui serait atteint sans changement des pratiques actuelles.