Le corbeau freux et la corneille noire provoquent régulièrement des dégâts sur les cultures de maïs. Ces deux espèces sont classées parmi les Esod (espèces susceptibles d’occasionner des dégâts, anciennement dénommées « nuisibles ») dans l’arrêté paru au Journal officiel du 4 août 2023 (lire l'encadré). Les attaques ont généralement lieu entre la levée et le stade des 3 feuilles du maïs. Certaines précautions sont recommandées lors de l’implantation de la culture, même si leurs effets restent limités : grouper les semis, éviter les préparations en conditions trop sèches, rappuyer correctement la ligne de semis et privilégier un semis profond (4-5 cm ou plus).

Trois TS intéressants

Du côté de la protection chimique, le traitement de semences Korit 420 FS à base de zirame est de plus en plus utilisé comme corvifuge dans les parcelles exposées. « En trois ou quatre ans, on est arrivés à 50 % de surfaces traitées, voire plus dans les Hauts-de-France, annonce Anne-Sophie Colart, animatrice de la filière du maïs fourrage chez Arvalis. C’est près d’une dose de semences sur quatre en 2023 au niveau national. Mais cela reporte le problème sur les parcelles non traitées. » Rappelons que le Korit 420 FS est classé toxique, et la date de fin d’approbation de son AMM (autorisation de mise sur le marché) est fixée au 15 mars 2025.

« Son utilisation est possible pour cette campagne mais nous n’avons pas de certitudes pour l’an prochain », explique la spécialiste. Dans ce contexte, l’institut technique teste de nouvelles solutions. Lors des essais een 2023, trois molécules utilisables en traitement de semences ont démontré un intérêt technique. C’est le cas des projets portés par Bayer Crop Science, Corteva (Ecovelex qui contient des substances naturelles) ou encore Syngenta (Kuanavo, à base de soufre organique). Toutefois, même si l’efficacité du Korit 420 FS n’est pas de 100 %, il reste la référence haute à ce jour.

Graines de service

Parallèlement, Arvalis teste la technique des graines de service, encore exploratoire. Elle consiste à positionner en plein, un ou deux jours avant le semis, des grains de maïs non traités sur le sol et enfouis superficiellement (0-2 cm au maximum). Ces graines de service, placées dans une bordure intérieure (zone sacrifiée) ou extérieure de la parcelle, ont pour objectif de détourner les corvidés de la parcelle à protéger.

L’apport doit être renouvelé tant que la culture à protéger est au stade sensible. « Il ressort de ces essais que les graines de service ont permis de concentrer les attaques dans et à proximité de la zone attractive, fait savoir Anne-Sophie Colart. Toutefois, un seul apport réalisé au moment du semis n’a pas été suffisant pour les attaques dans certaines parcelles exposées à de fortes populations. »

Autre méthode testée, les plantes de service : le semis de maïs associé à du sorgho positionné sur la ligne de semis ou en plein. Le but est, là, de tromper les corbeaux avec une autre culture. Problème : si tout lève, comment gérer le sorgho dans le maïs ?