«L’automne 2018 et le printemps ont été généralement défavorables à l’activité des limaces, constate André Chabert, de l’Acta (1). Ainsi, le niveau de populations global devrait être assez faible. » Et selon Arvalis, les périodes de canicule estivales n’ont que peu d’impact sur elles, à l’abri dans les sols. « Récemment, des pluies ont ponctuellement été supérieures à 30 mm, poursuit le spécialiste. Elles pourraient relancer localement les ravageurs encore présents. »

Évaluer la présence

« Toutefois, dans beaucoup de secteurs, les semis de colza sont encore difficiles cette année, faute de pluies suffisantes. Le risque limaces y est donc, pour l’instant, aussi très faible », nuance Céline Robert, de Terres Inovia. Afin d’évaluer leur présence dans les sols réhumectés, il est possible de réaliser des observations tôt le matin, puisqu’elles sont essentiellement actives la nuit. Pour les piéger, une solution consiste à disposer un abri sur la surface du sol (carton plastifié, tuile, soucoupe plastique, planche, etc.) ou « un véritable piège à limaces, développé par l’Inra, et disponible auprès de De Sangosse ou Bayer », détaille Terres Inovia.

« En colza, le seuil d’intervention est très faible, de l’ordre d’une limace par m2 », poursuit André Chabert. Les céréales sont plus résilientes. Entre 1 et 20 limaces/m2 piégées, on peut attendre les premiers dégâts pour traiter.

Les gastéropodes s’attaquent autant aux graines en germination qu’aux jeunes feuilles. Pour Terres Inovia, le traitement préventif en plein sur le sol (lire encadré ci-dessous), qui vise la préservation de la levée, est la seule manière de se protéger de leurs dégâts. « Au-delà de 5 à 6 feuilles, le colza peut espérer s’en sortir », estime l’expert de l’Acta. Quant aux céréales à paille, au-delà du stade 3 feuilles, il n’est plus utile d’agir car la plante compense par son tallage.

Mieux vaut prévenir…

Mais selon l’institut Arvalis, « les antilimaces ne réduisent pas les populations présentes. Pour cela, il faut engager, sur plusieurs années, des méthodes agronomiques, voire modifier le système de culture, de manière à détruire le milieu de vie de ces ravageurs. »

En effet, certaines pratiques leur sont favorables et aggravent le problème (les rotations courtes de céréales à paille et de colza, le travail du sol simplifié, le semis direct ainsi que les couverts végétaux en interculture), alors que d’autres actions contrent leur développement : le labour permet d’enfouir les pontes, le déchaumage supprime les œufs, le roulage réduit les interstices, de même que l’élimination des résidus les prive d’alimentation. Isabelle Lartigot

 

(1) Association de coordination technique agricole.