« Alors que seuls 20 % des enfants des villes possèdent un chien et 30 % un chat, il est clair que les enfants élevés sur une exploitation agricole ou même en milieu rural, ont un contact privilégié avec les animaux. Ces relations aident à la construction de l’enfant à plusieurs niveaux. L’animal apporte une sécurité affective sans ambivalence et une permanence du lien contrairement aux possibles aléas dans les relations avec la famille, l’environnement, l’école… C’est un confident de chaque instant et un repère fiable. L’animal est d’ailleurs utilisé comme médiateur auprès d’enfants présentant des traumatismes.

Identifier et répondre aux différents besoins d’un animal (alimentation, soins, bien-être, jeux…) développe chez l’enfant son sens de l’observation et une empathie pour « son protégé ». C’est une manière efficace de se décentrer de soi-même. Cette capacité de s’identifier à autrui, de percevoir et de partager ce qu’il ressent dans une situation particulière aide à prendre conscience de la source de l’émotion (joie, peur…). Elle favorise l’entraide et une bonne interaction en société dans sa vie future. S’occuper d’un animal développe aussi le sens des responsabilités. Assurer correctement cette mission renforce l’estime de soi et par là même la confiance en soi. Les enfants impliqués dans des activités avec des animaux sont plus calmes, plus actifs, moins maussades car l’animal exprime naturellement une joie de vivre communicative au travers de ses réactions et des relations tissées (jeux, reconnaissance, confiance…).

La perte d’un animal aimé est souvent en revanche le premier gros chagrin d’un enfant et un premier contact avec la mort. Il est important que les parents l’aident à ne pas éprouver de culpabilité et l’accompagnent dans le ressenti et l’expression de ses émotions. Des mots sont à mettre sur la tristesse, un rituel sur la façon de dire « au revoir » à l’ami disparu. Le recours à l’euthanasie parfois inévitable doit être expliqué pour être accepté. Percevoir, sans fort traumatisme, dans sa vie d’enfant et d’adolescent la réalité de la vie et de la mort aidera l’adulte à assumer cette réalité à laquelle personne n’échappe. »

(1) Pauline Duval est psychologue clinicienne à Clermont-Ferrand, dans le Puy-de-Dôme.