« Plus on est débordé, moins on lève le nez du guidon, souligne Marie-Estelle Dupont, psychologue clinicienne. Et il semble parfois plus facile de continuer à tout porter que de faire un pas de côté et de réorganiser les choses. Débordé, on n’a plus d’espace mental pour prendre de la hauteur justement. On attend de soi d’être comme Atlas, le dieu qui porte le monde. Si nos parents avaient cette exigence avec eux-mêmes et avec nous, nous avons appris à attribuer notre valeur à ce que nous faisons, quitte à fonctionner en « marche ou crève. »

« Montrer ses limites fait souvent peur »

« Mais l’être humain n’est pas tout-puissant. Sous le regard des autres, montrer ses limites et sa vulnérabilité fait souvent peur. Or, la logique quantitative perfectionniste peut nous mettre dans l’épuisement, car nous sommes les premiers à dépasser nos limites. On ne sait pas, ou bien on n’a plus l’énergie de dire non, et on ne tolère pas que les autres se donnent moins de mal. Le déni de nos limites physiques, mentales, mais aussi nerveuses, est le déni de notre humanité. Il est parfaitement légitime d’avoir besoin d’aide. D’ailleurs, ne vous est-il pas arrivé de rendre service à d’autres ? »

Marie-Estelle Dupont, psychologue clinicienne (© Ingrid Hoffman)

« Commencez par faire chaque semaine la liste de tout ce que vous avez à faire selon chaque domaine : les tâches sur la ferme, l’administratif, les déplacements, les enfants, etc. Distinguez là où votre présence est indispensable, et là où vous pourriez être remplacé. Décidez des priorités, et déléguez le reste. Il y a des périodes de la vie où le plus grand luxe, c’est d’avoir des bras en plus, du temps pour sa santé et pour penser aux choses importantes ! Récapitulez, autour de vous qui peut vous aider ? Est-ce gratuit ou payant ? Pouvez-vous proposer des échanges de services ? »

« l’humilité, c’est apprendre à recevoir"

« Ce n’est pas parce que ce n’est pas fait comme vous l’auriez fait que vous êtes une personne incapable de tout gérer. Au contraire, vous faites preuve de sagesse, quand vous préservez votre énergie. Comprenez aussi que l’humilité, c’est apprendre à recevoir. Cette aide qui vient est un cadeau, et vous méritez ce cadeau. Il va vous faire du bien moralement en atténuant la rudesse de la vie, parce qu’il y a quelque chose de positif venant d’un échange bienveillant. Assurez-vous, bien sûr, que la personne qui offre son aide le fait dans une relation de confiance, et pas pour marchander ou vous rabaisser derrière. »