Les enfants ont besoin que l’on dialogue avec eux à propos du monde dans lequel ils grandissent. La réalité est complexe et subtile. Un enfant n’attend pas d’un adulte qu’il ait réponse à tout. Vous n’êtes pas un expert en géopolitique, dites-leur simplement : « Je ne comprends pas bien ce qu’il se passe dans cette guerre. Je n’ai pas toutes les réponses, mais je suis heureuse d’en parler avec toi. » Vous pouvez par exemple prendre un atlas, et regarder ensemble la géographie, où se trouve l’Ukraine, où se trouve Israël. Quand on ne comprend pas, on s’informe, et on recherche des éléments de langage adaptés à ses connaissances.
Vous pouvez évoquer la propagande inhérente à tout conflit, et la manipulation de l’opinion. Ne vous limitez pas à une pensée binaire, mais amenez-les vers une pensée nuancée. Il est important de remettre du débat dans la famille. Un parent qui pense le monde autour de lui ne se laisse pas dicter ses opinions. Il continue à réfléchir. Faites preuve de discernement. Expliquez, voilà pourquoi je ne suis pas d’accord. Et vous pouvez leur demander : comment as-tu vécu ceci ? Qu’est-ce que cela t’inspire quand tu vois cela ?

Pour se décoller d’une réalité de crise avec beaucoup d’informations anxiogènes, il est bien sûr capital de limiter les images sidérantes. Nous voyons aujourd’hui les conséquences sur les jeunes des années du Covid. Se sentir dans une situation d’impuissance ne les aide pas à se construire. Contrôlez leur usage des réseaux sociaux, donnez un accès limité aux smartphones et tablettes. Ils ronchonnent ? Expliquez : si je contrôle ton temps d’écran, ce n’est pas contre toi, je le fais dans ton intérêt car je sais comment ça agit sur ton cerveau. L’interdit n’est pas arbitraire s’il permet à l’enfant de se sentir protégé.
Proposez-leur des activités valorisantes qui ne coûtent rien : courir, cuisiner, jouer, dessiner, écouter de la musique, construire une cabane, etc. La lecture de livres et de BD permet de se remettre dans l’imaginaire, de s’identifier à des héros, et de se créer des représentations mentales qui sont de vraies ressources contre l’anxiété. La mythologie, par exemple, montre que de tout temps l’humanité a fait face à des épreuves, et des défis. La violence et la maladie ont toujours existé, et l’humanité a trouvé les moyens de surmonter les événements tragiques.
(1) Autrice de « Être parents en temps de crise, comment restaurer l’équilibre psychique de nos enfants », Guy Trédaniel éditeur, (211 pages, 17 euros).