L’héliothis, ou noctuelle de la tomate, est un lépidoptère ravageur de nombreuses espèces : sorgho, soja, pois chiche, maïs, légumes de plein champ… « C’est une espèce migratrice, mais certaines populations pourraient s’être sédentarisées dans le Sud-Ouest, explique Bastien Chopineau, ingénieur chez Arvalis. On l’a observé dès juillet 2024 dans les productions de sorgho, avec une présence très longue, tout au long du remplissage. » Celle-ci pourrait s’expliquer, dans le cas des populations sédentarisées, par les conditions en automne et hiver dernier. Elles ont été plutôt chaudes et pluvieuses dans le sud de la France, et l’année a été peu gélive, favorisant la survie des larves.

Par ailleurs, les semis de sorgho ont été plus tardifs dans le sud de la France comme dans le bassin Centre en 2024. Les floraisons également, car la somme des températures n’a pas permis de rattraper le retard des cultures de printemps. « Elles ont eu lieu entre la fin de juillet et le début d'août, concordant avec la période de capture des héliothis. Dans le sud de la France, une période à la fin du mois de juillet a été favorable au vol de papillons, avec des températures au-dessus des moyennes. Même si elle n’a pas duré longtemps, elle a coïncidé avec le stade sensible du sorgho », ajoute Bastien Chopineau. Les semis ont aussi été relativement étalés, proposant une offre assez longue aux héliothis.

Des attaques massives et localisées en soja

Sur soja, des attaques ont surtout été remontées autour du 15 août dans le Sud-Ouest, avec des dégâts foliaires et sur gousses. « Des attaques massives et localisées ont pu être signalées », rapporte Clémence de Saintignon, ingénieure chez Terres Inovia.

Sur maïs grain, « l’incidence sur le rendement est souvent négligeable, décrit Arvalis. Les dégâts directs favorisent en revanche la présence de champignons susceptibles de produire des mycotoxines et de dégrader la qualité sanitaire du grain. » Étant donné le faible risque économique, l’institut déconseille une lutte directe spécifique et systémique pour protéger la culture, sauf pour les parcelles de maïs semence et maïs doux exposées.

Dans des essais d’Arvalis sur maïs doux et semences, l’application d’un insecticide à base de pyréthrinoïde (Karaté Zéon) n’a pas entraîné de réponses sur l’héliothis. « On sait qu’il y a des phénomènes de résistances vis-à-vis de l’insecte, informe Bastien Chopineau. Les pyréthrinoïdes sont aussi plutôt préjudiciables pour la régulation naturelle des populations larvaires d’héliothis par des auxiliaires. » Le Coragen à base de chlorantraniliprole a, quant à lui, présenté des efficacités « intéressantes » comparativement au témoin. Le Spinosad (Sucess) a également présenté de bons niveaux d’efficacité. « Réglementairement, sur sorgho, les produits à base de chlorantraniliprole doivent être appliqués avant le stade BBCH 55, et ceux à base de Spinosad avant BBCH 55 ou 59 selon le produit. C’est un point de blocage pour la culture », ajoute l’ingénieur.

Parmi les solutions de biocontrôle, l’efficacité de l’Helicovex est jugée « moyenne » sur le maïs et celle du Dipel DF, à base de Bacillus thurengiensis, « faible à moyenne, et surtout plus aléatoire », rapporte Bastien Chopineau. Sur sorgho, ces solutions devront être retravaillées, indique ce dernier. Sur soja, Terres Inovia a également testé le Dipel DF, dont l’efficacité s’est révélée intermédiaire. « Que ce soit avec un produit de biocontrôle ou un insecticide, il faut intervenir tôt sur des jeunes larves », préconise Clémence de Saintignon.