« Que ton aliment soit ta meilleure médecine ! », dit l’aphorisme. S’il est valable pour l’humain, il l’est également pour l’animal. Comme l’expliquait Pierre-Emmanuel Radigue, formateur, lors d’une journée organisée par le groupement de défense sanitaire (GDS) et la maison de l’élevage du Tarn, « il faut mettre en cohérence ce que l’on veut faire sur toute la chaîne de production du fourrage, semis, amendement, récolte… Sinon, qui paie ? Les vaches et les veaux. »

Premier élément essentiel : la feuille. « Les ruminants n’ont pas besoin d’amidon. Il est donc crucial de récolter des plantes riches en feuilles. » La fauche doit ainsi être ajustée en fonction d’un stade précis (et non d’une date, rappelle le technicien) : celui de l’épiaison de la graminée la plus précoce dans un mélange.

« Il faut fournir aux bovins des aliments riches en sucres, avec un taux de 6 % au minimum, souligne le conseiller. Sans eux, l’animal utilise moins l’azote pour la production de lait et de viande. » Des taux de sucres insuffisants dans la ration de la mère peuvent également entraîner une moins bonne valorisation de la ration et des diarrhées chez les veaux. « Sécher les fourrages permet de conserver les sucres. Avec de l’enrubannage ou de l’ensilage, il reste moins de 1 % de sucres résiduels. Il faut donc les enrichir en mélasse. »

Certaines plantes, moins sucrées, sont plus résistantes à l’acidification : la luzerne posera ainsi beaucoup plus de difficultés à être ensilée ou enrubannée qu’une fétuque. Autre point clé : ajouter du conservateur dans tous les produits fermentés limite les risques de toxines pouvant rendre malade les animaux et, au bout, les consommateurs. « Le choix des espèces à implanter est donc central », développe le conseiller.

« Ne jamais faucher le matin »

« La fauche doit se faire lorsque la plante atteint son pic de concentration en sucres, poursuit-il. Idéalement en fin de matinée ou en début d’après-midi, et à partir de 16 h pour la luzerne. Mais surtout, jamais le matin. » Il recommande une hauteur de fauche de 7 cm pour l’herbe, et de 8 à 9 cm pour les méteils et la luzerne. Il est également primordial d’éviter toute contamination par la terre, qui pourrait être ingérée par les bovins.

Une fois la fauche réalisée, Pierre-Emmanuel Radigue conseille de porter attention aux pertes de matière sèche au sol par « respiration ». « Pour l’ensilage d’herbe, il convient de compter un jour entre la fauche et le stockage, 48 heures pour l’enrubannage. Pour le foin, ça dépendra du séchage. Mais on ne fauche pas ce qu’on ne peut pas faner derrière la barre de coupe. »

Avant et après la fauche, le spécialiste insiste sur l’importance d’analyser son herbe et son fourrage à l’aide d’un réfractomètre à sucre et d’un testeur d’azote. L’objectif est d’atteindre un « Brix » compris entre 7 et 15 % et un taux d’azote de 400 à 700 ppm de NO3. « Ces analyses permettent de détecter d’éventuelles carences dans la ration, de déterminer le bon moment pour faucher ou encore d’adapter les amendements. »