Les mycotoxines, bien que difficiles à éviter, doivent être limitées autant que possible. Des traces de ces toxines, issues du champignon Fusarium graminearum, peuvent être présentes dans les ensilages de maïs. Elles affectent fortement la santé des monogastriques et peuvent également causer des déséquilibres chez les bovins en cas de contamination par le déoxynivalénol (DON) ou la zéaralénone (ZEA).
Enfouir les résidus de culture
« Le climat représente le risque majoritaire d’une parcelle », explique Benjamin Collin, ingénieur régional en grandes cultures en Bretagne chez Arvalis. Il est responsable de 85 % du risque de mycotoxines. « Les pratiques agronomiques permettent cependant de ne pas amplifier le problème », assure-t-il.
Premier front d’attaque : diminuer le potentiel infectieux et les voies d’entrée. La gestion des résidus de culture est primordiale. « Les fusariums peuvent survivre vingt mois, précise Benjamin Collin. Il est recommandé d’enfouir à 15-30 cm les résidus, ou de les broyer. » Pour assurer une dégradation efficace, un deuxième broyage « réduit la contamination de la culture suivante de 60 à 80 % ».
Récolter tôt
Un autre levier consiste à optimiser la date de récolte en privilégiant des variétés précoces, notamment pour le maïs fourrage. « Il faut viser une récolte avant la fin de septembre, souligne l’ingénieur. Plus la récolte approche le mois d’octobre, plus le taux de mycotoxines est exponentiel. » Concernant la variété de maïs, une précocité S0 peut augmenter les probabilités de récolter plus tôt. Enfin, un taux de matière sèche de 32 % est recommandé, « pour optimiser le rendement et la qualité ».
Lorsque des mycotoxines ont contaminé un ensilage de maïs, le diagnostic des animaux est difficile. « Ce n’est souvent pas la première chose à laquelle nous pensons, souligne Alix Pierron, maître de conférences à l’École nationale vétérinaire de Toulouse. Il est d’abord question d’éliminer les pistes de maladies infectieuses ou métaboliques, avant de réaliser des analyses de mycotoxines. »
Résistance naturelle du rumen
Heureusement pour les ruminants, une flore digestive efficace rend l’animal résistant. « L’activité ruminale reste variable et saturable, nuance Alix Pierron. Un déséquilibre peut entraîner un effet sur les performances, comme une anorexie, une diarrhée, ou une perturbation de la réponse immunitaire. »
La résistance naturelle peut donc être compromise si les mécanismes de détoxification du rumen sont saturés, si l’exposition des animaux est sous-estimée par un diagnostic long, ou encore si les ruminants sont exposés à un mélange de toxines avec un effet additif.
Il est donc crucial de rester vigilant durant les périodes critiques, par exemple, au moment des transitions alimentaires. Chaque mycotoxine affecte différemment la santé du ruminant. Les ZEA engendrent un trouble de la reproduction, tandis que les DON entraînent des pertes de performances laitières, des modulations d’immunité et des diarrhées, selon l’Observatoire des mycotoxines.