« Cela fait de nombreuses années que j’ai intégré cette culture dans mon assolement. J’en suis très satisfait, » explique Xavier Madet, installé depuis 1984 à Deux-Chaises dans l’Allier. Aujourd’hui en Gaec avec son épouse, il élève 500 brebis croisées texel-suffolk et 15 vaches charolaises sur 125 ha de SAU dont 115 ha de prairies permanentes, 3 ha de prairies temporaires et 7 ha de céréales. « Quand je sème le colza fourrager derrière les céréales, je le consacre au flushing d’un lot de brebis à partir du 20 août durant les trois semaines précédant la mise à la reproduction et durant la mise en lutte. Un second lot y entre trois semaines plus tard. »
Semé au début de juillet derrière de l’orge ou à la fin de juillet derrière du triticale avec un semoir intégré au déchaumeur, le colza peut être pâturé 60 jours plus tard. L’éleveur met à la disposition des brebis une prairie attenante à la parcelle de colza pour favoriser une transition alimentaire tout en douceur. « Les brebis découvrent progressivement l’appétence du colza. » Les effets sur la prolificité sont nets. Elle atteint 2,1 agneaux par brebis avec un flushing au colza contre 1,8 à 1,85 avec un flushing aux céréales. Cette pratique est donc plus adaptée aux brebis à forte aptitude laitière. Le troupeau de Xavier et Bérénice Madet affiche une productivité numérique de 2 agneaux par brebis et par an et 1,4 pour les agnelles.
Riche en énergie et en azote
L’éleveur implante aussi du colza entre deux prairies. Semé en mai derrière une coupe précoce suivi d’un labour, il est mis à pâturer deux mois plus tard aux agneaux en fin d’engraissement. « Je compte 2,6 ha pour 120 agneaux durant trois semaines, précise Xavier Madet. Leur finition est efficace car plus rapide et je divise par deux la quantité de concentrés nécessaires sans ce pâturage. Je gagne donc aussi du temps sur leur distribution. » Les agneaux sont produits sous les labels Agneaux de l’Adret (21 kg de carcasse) et Tendre Agneau (23 kg).
« Cette culture riche en azote et en énergie apporte un aliment équilibré en remplacement de l’herbe pâturée lorsque celle-ci fait défaut, un fait malheureusement récurrent avec des sécheresses de plus en plus fréquentes. Les deux bémols sont le besoin de pluie derrière son semis et une vigilance nécessaire face aux proliférations d’altises, poursuit l’éleveur. Si mes terres très sableuses me permettaient davantage de céréales, je produirais beaucoup plus de colza fourrager pour mes ovins. »