« Le fait d’augmenter le nombre d’espèces au sein de la prairie permet d’accroître la productivité et de renforcer la robustesse du couvert face aux aléas climatiques », présente Patrice Pierre, ingénieur agronome à l’Institut de l’élevage (Idele). Mais attention, pas avec n’importe quelles espèces. Le concept de prairie à flore variée regroupe en moyenne cinq à sept espèces, dont deux ou trois graminées et deux ou trois légumineuses.

« Le mélange associe des espèces aux fonctions complémentaires, au regard du sol, du mode d’exploitation de la prairie, de la pérennité et surtout de du comportement des espèces au sein du mélange », précise l’expert. Dans un premier temps, la ferme expérimentale de Thorigné-d’Anjou a comparé différentes prairies multi-espèces à un témoin d’association de type ray-grass-trèfle.

L’équipe de la ferme en tire un premier bilan : « les 12 années de suivi ont confirmé une augmentation de rendement de l’ordre de 1,5 tonne de matière sèche par hectare et par an lorsque le nombre d’espèces est augmenté. Ce n’est pas négligeable ».

1 000 UFL/ha supplémentaires

Ce gain est d’abord réalisé sur le premier cycle au printemps, à hauteur de 50 % du rendement « bonus » de 1,5 tonne. Le complément est réparti sur les pousses estivales, automnales et hivernales. L’introduction d’espèces et de variétés plus précoces offre à elle seule une production de 0,9 tonne de MS/ha/an supplémentaire. « Le fait d’augmenter la production sur le premier cycle a cependant un effet de dilution sur la teneur en matière azotée totale [MAT] ».

Les mélanges fourragers permettent également d’atténuer la variabilité du rendement. « La productivité est moins fluctuante d’une année à l’autre », constate Patrice Pierre. Dernier élément quantifié :la production d'énergie (UFL) et d'azote (MAT) est renforcée. « Sous l’effet de la diversité, nous constaton 1000 UFL/ha/an supplémentaires ainsi que 130 kg de MAT/ha/an en plus ».

Des fonctions complémentaires

L’objectif de ces essais sur mélanges prairiaux était de répondre à trois critères : le développement des prairies de longue durée (quatre à cinq ans), une exploitation d’abord en pâturage ainsi que la capacité de résister sur un sol à forte alternance hydrique. « Le mélange Thorigné a fait ses preuves en combinant des graminées aux fonctions complémentaires et une base de légumineuses renforcée et diversifiée », explique Pierre Bruneau, ingénieur sur la ferme de Thorigné-d’Anjou.

En kilo par hectare, sa composition est la suivante : fétuque élevée (10), ray grass anglais intermédiaire (8), trèfle blanc (3), trèfle hybride (3) et lotier corniculé (3). Chacune de ces espèces a une fonction attendue au sein du mélange. La fétuque apporte de la rusticité avec une résistance à l’alternance hydrique. Le ray-grass possède des valeurs alimentaires intéressantes ainsi qu’une bonne aptitude au pâturage, comme le trèfle blanc.

Ce dernier joue un rôle de moteur pour la prairie grâce à l’azote qu’il apporte, complété par le trèfle hybride moins sensible à l’hydromorphie. « Enfin, le lotier a la capacité de s’installer dans des sols à faible fertilité et peut apporter une contribution intéressante sur la période estivale », conclut Patrice Pierre.