« L’herbe peut faire sa part dans l’atténuation du changement climatique », a affirmé Pierre Mischler, de l’Institut de l’élevage, lors du séminaire final du projet « Albedo prairies » le 1er juin 2023 à Paris. L’objectif étant d’estimer le poids de cet indicateur face à la hausse des températures. Pierre Mischler confirme que « l’albedo a un rôle comparable à celui du stockage de carbone ».
Comment ? grâce au pouvoir refroidissant des végétaux. « Lorsque le sol absorbe la lumière, de la chaleur est produite, explique Eric Ceschia, chercheur à l’Inrae. À l’inverse, lorsque le système végétal réfléchit cette énergie solaire, la chaleur est renvoyée en dehors de l’atmosphère. Ça a un effet refroissant. » Par exemple, l’albedo de la neige est de 0,93, le maximum étant 1, puisque la quasi-totalité de la lumière est réfléchie, refroidissant la température atmosphérique.
Refroidir la terre
Les rapports du Giec prennent en compte l’effet de l'albedo, mais de manière trop « simpliste », selon Eric Ceschia. « Il faut se baser sur des mesures journalières, non sur des moyennes annuelles. » C’est pour cette raison que l’effet des prairies est sous-estimé dans les bilans énergétiques des systèmes d’élevage.

Pourtant, la prairie a bien un effet refroidissant, selon le bilan des relevés réalisés sur sept fermes expérimentales en France entre 2020 et 2022. L’état de l’herbe et la couverture du sol peuvent diminuer cet effet albedo. D’autres éléments restent maintenant à approfondir : comparaison avec différents systèmes de cultures, impact de la fauche, du pâturage, etc.
Les prémices d'une innovation
Jean-Baptiste Dollé, responsable du service des démarches environnementales à l’Institut de l’élevage, confie être « impressionné par le travail réalisé, c’est totalement innovant ». Selon lui, il faut développer un observatoire national sur ce critère, et l’intégrer systématiquement dans les approches environnementales. Eric Ceschia voit grand pour l’avenir : « Nous prévoyons d’installer des stations de récolte de données partout en Europe, pour étoffer les modalités et prendre en compte d’autres effets biophysiques. »