Les revendications agricoles auront occupé l’agenda de l’exécutif jusqu’à la veille des festivités de fin d’année. Le président de la République a reçu le 23 décembre 2025 les représentants du monde agricole, pour échanger encore sur le traité de libre-échange avec le Mercosur, dont la signature potentielle en janvier cristallise les inquiétudes.

Face à la presse, à la sortie de l’Élysée, le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, s’est montré intransigeant, qualifiant toujours cet accord de « non-sens pour les agriculteurs de France ». Pour le leader syndical, la réciprocité des normes reste le point de rupture. De son côté, le porte-parole de la Confédération paysanne, Stéphane Galais, a dénoncé sur France Culture le 24 décembre l’absence de mesures structurelles : « L’idée du Président, c’était d’éteindre un peu l’incendie de la colère agricole en nous présentant des stratégies […] mais on n’a rien de concret ». « Le président nous a dit qu’il était confiant pour améliorer les clauses de sauvegarde » dans l’accord avec le Mercosur, a relaté François Walraet, secrétaire général de la Coordination rurale, invité sur BFM TV ce 24 décembre.

Pac, MACF et DNC également au menu

L’autre inquiétude majeure concerne le financement de la Pac. Les syndicats refusent toute baisse de budget, Arnaud Rousseau rappelant son opposition à une réduction annoncée de 20 %. Une autre inquiétude, technique, s’est invitée à la table des discussions : le Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF), ce dispositif européen conçu pour taxer les importations de produits polluants, dont les engrais azotés font partie en raison de leur fabrication très émissive en CO2.

Arnaud Rousseau estime que ce mécanisme « vient notamment impacter fortement les charges sur les utilisateurs d’engrais ». Le président de la FNSEA justifie sa position par l’absence de souveraineté européenne sur ce dossier, déplorant que les agriculteurs français subissent de plein fouet ces surcoûts sans disposer de solutions alternatives immédiates. En conséquence, les représentants de la FNSEA et de Jeunes agriculteurs ont exigé du gouvernement qu’il « neutralise les effets du MACF » pour préserver la viabilité économique des exploitations.

Sur le front sanitaire, la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) continue de frapper les élevages dans le Sud-Ouest. La gestion de la maladie n’était pas à l’ordre du jour de la réunion, mais elle a évidemment été abordée par les syndicats. Elle reste « un point très attendu en termes d’évolution […] et de capacité à régler le sujet le plus rapidement possible », selon la FNSEA et Jeunes agriculteurs.

Selon Stéphane Galais, les éleveurs sont « toujours vent debout contre la gestion de l’épidémie ». Il insiste sur la nécessité d’aller au-delà de la simple gestion de crise pour aborder le « malaise profond » du modèle agricole, réclamant notamment des « prix planchers » pour garantir le revenu des producteurs.

Des promesses du côté de Matignon

Matignon aussi a tenté d’éteindre le feu, avec une partie de l’allocution prononcée le même soir par le Premier ministre Sébastien Lecornu dédiée l’agriculture. Le chef du gouvernement a martelé encore que « la position de la France est ferme : aucun accord ne sera accepté s’il fragilise nos filières ou impose une concurrence déloyale ». Le Premier ministre a inscrit l’agriculture comme la première de ses « cinq grandes familles de sujets » budgétaires à résoudre en janvier, soulignant que l’État ne peut pas « faire défaut à ces hommes et ces femmes qui travaillent dur ».

Malgré ces efforts, la tension demeure. Si Arnaud Rousseau a confirmé qu’une « trêve » serait respectée pour Noël afin de ne pas prendre les Français en otage, il prévient que le monde agricole restera « mobilisé » si les réponses de début d’année ne sont pas à la hauteur. « La balle a été transmise, maintenant elle est dans leur camp », a renchéri le président de Jeunes agriculteurs, Pierrick Horel. Le Premier ministre recevra les organisations professionnelles agricoles le 5 janvier prochain.