Le parcours professionnel de Sébastien Porte, installé à Ygrande dans l’Allier, témoigne de sa ténacité à vouloir être un jour éleveur. En 2013, un BTS agroalimentaire produits carnés en poche, le jeune homme reprend les terres grand-parentales pour y installer deux poulaillers sous label rouge et 50 brebis. Il est également salarié dans une fromagerie car la structure ne permet pas de dégager un revenu suffisant.

« Les brebis valorisaient les surfaces en herbe et le travail d’astreinte dans les poulaillers était compatible avec un emploi à l’extérieur, explique l’éleveur, qui souligne aussi son engouement à élever des volailles. J’aime ces animaux. Je crois que cet amour pour une espèce ou une race soignée au quotidien est indissociable du métier d’éleveur. »

Trois nouveaux poulaillers

C’est en 2021 que Sébastien Porte concrétise son projet d’élever des poulets du Bourbonnais : trois poulaillers en bois sont construits pour accueillir ces volailles au plumage blanc herminé, qui se caractérisent par une remarquable rusticité. « Nous pratiquons des méthodes d’élevage héritées du savoir-faire des métayers bourbonnais, férus de cette production dont ils n’étaient pas obligés de partager le revenu avec leurs propriétaires, explique l’éleveur. Leurs pratiques font partie de notre héritage. Les poulets sont sur des planchers en bois de 70 m² avec une densité ne dépassant pas 500 animaux par bâtiment. Ils disposent aussi d’un parcours herbeux de 3 000 m² au minimum. »

Les poulets du Bourbonnais vivent dans des poulaillers en bois sur plancher et bénéficient d’un parcours herbeux ombragé. (©  Monique Roque Marmeys)

L’investissement est de 75 000 euros dont 40 % d’aides. L’accouveur Auvergne Poussin livre des poussins d’un jour. Leur durée d’engraissement est de 101 jours avec un régime à base de 70 % de céréales locales. L’aliment provient de la coopérative Axéréal. Les poulets reçoivent de la poudre de lait durant les trois dernières semaines conformément à l’élevage traditionnel. « Cette finition favorise le moelleux et le persillé de la viande. »

Allier Volailles situé à Escurolles (Allier), très investi dans la reconnaissance officielle des poulets du Bourbonnais, est la seule entreprise à en abattre. « C’est une fierté de faire partie d’une filière d’exception comptant parmi les deux seules AOP volailles du monde », souligne son directeur, Jérémy Besnard.

Un marché de haut de gamme

Au terme d’un parcours assidu de toute une filière pendant plus de vingt ans, le poulet du Bourbonnais, appellation d’origine judiciaire (AOJ) depuis 1961, est reconnu en AOC le 26 juillet 2022 et en AOP le 13 novembre 2023. « Mon engagement dans cette production y trouve d’autant plus de sens », souligne Sébastien Porte, qui abandonne son poste de salarié en 2022 pour se consacrer à son exploitation.

Dans le même temps, la troupe ovine est augmentée à 125 mères. « L’accroissement du troupeau avec des origines différentes et deux fortes sécheresses consécutives ont pénalisé cette production. Je dois rapidement en améliorer les résultats techniques », précise l’éleveur.

Le poulet du Bourbonnais est une volaille au plumage blanc herminé, dotée d’une remarquable rusticité. (©  Monique Roque Marmeys)

Le travail d’astreinte est important dans les poulaillers abritant les poulets du Bourbonnais. Le curage des sols et l’alimentation quotidienne sont manuels. Quant aux poulets fermiers d’Auvergne sous label rouge, ils sont élevés en 81 jours au minimum. Sous contrat avec Force Centre à Saint-Germain-de-Salles (Allier), la production fait également intervenir Allier Volailles et Arrivé Auvergne pour l’abattage des volailles. Le contrat fixe les prix du poussin, de l’aliment et de la reprise des animaux.

« La qualité de nos volailles estampillées Auvergne est reconnue par une clientèle fidèle. C’est une force face aux importations en provenance de l’Ukraine et la forte inflation de ces dernières années. Les poulets du Bourbonnais s’adressent à un marché de haut de gamme, essentiellement auprès de restaurants gastronomiques et de boucheries traditionnelles, mais aussi au rayon de la boucherie des GMS locales. »