Mieux définir la contribution des élevages français aux émissions nationales de particules et proposer aux éleveurs des solutions techniques permettant de les réduire : telles sont les ambitions du projet Papovit (1).
Projet Papovit
L’Institut technique de l’aviculture (Itavi) et ses partenaires (2) se sont intéressés aux élevages de poulets de chair. Pour ce faire, les émissions de particules de 31 bâtiments (22 en Bretagne et 9 dans les Pays de la Loire) ont été passées à la loupe entre 2018 et 2020, « dans des situations contrastées et représentatives des conditions françaises ». Dans cet échantillon, 12 poulaillers utilisent un sol en terre battue, une « spécificité française », et 19 détiennent des sols bétonnés. S’agissant de la ventilation, 16 bâtiments étaient en extraction latérale, contre 15 en extraction haute. La surface moyenne s’établit à 1 330 m2.
Type de sol, ventilation et activité animale
Les 140 campagnes de mesure, d’une durée de 24 heures chacune, se sont concentrées sur les émissions de plusieurs fractions de particules en suspension : celles d’un diamètre inférieur à 2,5 micron (PM2,5), celles d’un diamètre inférieur à 10 microns (PM10), ainsi que l’ensemble des particules en suspension (TSP). Pour l’Itavi, les résultats montrent « l’impact majeur de l’âge des animaux » sur les émissions de particules, quelle que soit la fraction granulométrique. En clair, elles augmentent avec l’âge. En effet, le temps de présence des poulets dans le bâtiment influe sur les quantités de déjection produites et leur état de décomposition. En outre, la pratique du détassage favorise l’augmentation des émissions de particules.
D’autres constats ont émergé. « Globalement, les bâtiments avec des systèmes d’extraction latérale ont tendance à être moins émetteurs que ceux avec une extraction haute. De la même manière et quelle que soit la fraction considérée, ceux sur sol en terre battue présentent des facteurs d’émissions inférieurs aux bâtiments sur sol béton », indique l’Itavi. Mais face à la forte variabilité des résultats, « il convient de rester prudent », nuance l’institut. D’autant que, pour la ventilation, « la manière dont la température, l’humidité ou le taux de ventilation influencent la concentration en particules reste incomprise ». Concernant le sol, le béton pourrait être pénalisé par sa propre dégradation, entraînant l’émission de particules. « L’effet du sol sur les concentrations en PM2,5 pourrait également s’appréhender à travers son incidence sur l’état de la litière en termes d’humidité et de composition. La construction d’un indicateur plus précis sur cette variable serait judicieuse », note l’Itavi.
Enfin, l’activité animale, en lien avec les programmes lumineux, est un déterminant important des concentrations en particules produites par les bâtiments. Ce paramètre peut, entre autres, avoir « un effet très rapide (quelques heures) ou plus lent (la journée) » sur les émissions. « Le recueil de données sur l’activité des animaux (lié au programme lumineux, mais aussi aux passages des éleveurs, repaillages) est souhaitable pour mieux analyser la variabilité des résultats », estime l’Itavi. V. Guyot
(1) Particules en élevages de porcs et de volailles et itinéraires techniques.
(2) Chambres régionales d’agriculture de Bretagne et des Pays de la Loire, Inrae.