Il y a cinq ans, l’association qui regroupe les collectionneurs d’anciennes machines agricoles dans le secteur de Sélestat, dans le Bas-Rhin, comptait une cinquantaine d’adhérents. Désormais, ils sont 130. Un engouement dû à l’arrivée à la présidence de Davina Trau, en 2019. « Il y avait surtout des gens âgés qui avaient conservé des engins datant de leur jeunesse. Mais il fallait redynamiser la structure, apporter du sang neuf ! Comme je connais les jeunes agriculteurs du secteur, je les ai contactés, puis nous ont rejoints les copains des copains », se réjouit la jeune femme, dynamique et volubile.

Les membres de l’Association des vieux tracteurs du Centre Alsace sortent régulièrement avec leurs belles mécaniques, participent à des corsos fleuris. Tous les lundis de Pentecôte, ils organisent un Tract’Apéro où ils exposent leurs matériels. Des anciennes machines, Davina et son père Bernard en possèdent 17, dont une antique moiss’batt. À la mi-novembre, les deux collectionneurs les ont remisées dans le hangar où sont stockés les engins actuels de l’exploitation familiale. La ferme en polyculture-élevage, située à Ebersheim, au nord de Sélestat, est désormais gérée par Joanna, la jeune sœur de Davina, depuis que Bernard est en retraite.

Mythique « Petit Gris »

Davina, elle, dirige une petite entreprise dans le secteur du bâtiment avec son compagnon. Elle n’était pas férue de vieilles machines, jusqu’à ce qu’elle en recherche une pour les 60 ans de son père, en guise de cadeau commun. L’agriculteur en possédait déjà quelques exemplaires. La jeune femme trouve dans le village voisin un mythique « Petit Gris », arrivé après guerre dans le cadre du plan Marshall. Mais en découvrant le milieu des collectionneurs, elle se prend d’intérêt pour ces engins des années cinquante à soixante.

Depuis 2012, elle surveille les ventes aux enchères, physiques et sur internet, se rend en Belgique et aux Pays-Bas, achète plusieurs petits tracteurs. « Ce qui m’intéresse, c’est aussi la documentation technique précise-t-elle, l’histoire des collections. Les clés, les porte-clés, des marqueurs d’une époque suscitent également ma curiosité. » Aujourd’hui, la quarantenaire est incollable sur les Massey, sa marque fétiche, les modèles 20, 33, 35, 45. Elle connaît tout de l’évolution de la motorisation, comment le diesel est apparu. La bricoleuse déniche des pièces de rechange, répare, nettoie, repeint.

Aujourd’hui, l’association draine des amateurs sur un rayon d’une trentaine de kilomètres autour de Sélestat. « Nous avons même des Allemands, souligne Davina, car la frontière est toute proche. Et puis j’aime partager ma passion, mes connaissances. Par ici, les traditions sont encore très vivaces et c’est un vrai plaisir que de contribuer à la sauvegarde d’un pan de notre patrimoine. »