« C’est ici que j’ai pris goût à la mécanique », explique Johan Beillevaire, tout en désignant l’entreprise familiale de réparation de matériel agricole et de travaux publics, AB44 Services, que tient son père à La Limouzinière, au sud de Nantes. Alors qu’il est en école primaire, le Ligérien fabrique un side-car pour son vélo, en soudant une tôle, des tubes et une roue d’andaineur. Au milieu des tracteurs et télescopiques, Johan s’affûte, toujours curieux, avant d’y débuter une alternance de deux ans. Son lycée lui propose de participer au concours des meilleurs apprentis de France (MAF), en maintenance de tracteurs et matériels agricoles. Le jeune homme qui a déjà le goût de la compétition, découverte via la guitare, est partant. Il obtient l’or au départemental et régional, mais échoue au national. Il y entend parler des WorldSkills et s’y inscrit, alors qu’il débute une seconde alternance à la Sodem, spécialiste vendéen en manutention.

Préparation physique et mentale

« En pratique, explique Johan, on a tous la même machine et la même panne. » Mais il ne suffit pas de réparer pour gagner : il faut cumuler des points, selon différents critères, comme la méthode de diagnostic, la rédaction du rapport, ou la sécurité. Johan rafle l’or au régional, puis au national. S’ensuit une année folle, où, avec l’équipe de France, il enchaîne préparations physiques et mentales, cours d’anglais — langue de la compétition —, sans oublier les stages techniques, et les examens de son BTS. Déterminé, il s’entraîne sans relâche. Les compétiteurs visitent aussi Matignon, l’Assemblée nationale… Avec Manitou, Johan part se préparer en Irlande et en Angleterre, et traverse l’Atlantique pour obtenir la médaille d’or (hors classement) aux WorldSkills Canada. Arrivent les mondiaux à la  mi-septembre, à Lyon en France. Les six épreuves (une par machine en agriculture, construction ou encore espaces verts) durent 3 heures sur quatre jours. Johan enchaîne les succès, jusqu’au tracteur, un Deutz-Fahr 6210 TTV. Déstabilisé, il perd sa concentration. S’il est déçu de voir l’or lui échapper, ses yeux pétillent quand il évoque l’ambiance, « incroyable ». Et maintenant ? « Cela fait bizarre, après deux ans de stress, de pression, d’entraînements », reconnaît le médaillé. Après des vacances méritées, il va devenir technicien itinérant chez Sodem, avant un jour de reprendre l’entreprise paternelle.