Pour Milena Surreau, les Jeux sont un « rêve de gosse ». Celui-ci est en passe de se réaliser, puisqu’elle a été sélectionnée pour participer aux Jeux paralympiques cet été, en parabadminton. Comme elle le raconte dans son podcast (lire l'encadré), la jeune femme de 27 ans a toujours aimé les compétitions sportives. D’abord en tennis, où elle enchaîne les tournois, avant que des blessures récurrentes n’aient raison de sa carrière à l’adolescence.
« En résumé, je suis une tétra qui marche à temps partiel »
Milena l’ignore à l’époque, mais la sportive est atteinte d’une maladie neurologique touchant son système nerveux central, engendrant une spasticité, avec contraction involontaire des muscles, et un déficit moteur. Si elle peut marcher, et jouer debout, elle utilise aussi un fauteuil roulant. Avec des atteintes également aux bras, « en résumé, je suis une tétra qui marche à temps partiel ». Au quotidien, Milena Surreau peut compter sur Eugène, son chien d’assistance, un grand berger suisse surnommé « le poney », en raison de sa taille.
La jeune sportive est aussi autiste : chaque interaction sociale est extrêmement énergivore, ce qui « m’handicape plus dans ma carrière de haut niveau que ma maladie neuro ». Celle-ci ne sera diagnostiquée qu’à 25 ans. « Cela peut paraître fou mais ça a été le plus beau jour de ma vie », raconte l’intéressée dans son podcast. Non pas qu’elle soit heureuse d’être handicapée, mais le diagnostic lui a rouvert les portes du sport de haut niveau : c’est sa « deuxième chance ». Avec succès, car après moins de trois ans de parabadminton, elle est en route pour les jeux.
« Un coup de cœur pour le métier »
Au quotidien, combiner sa carrière sportive, son travail et les obstacles liés à son handicap moteur et à son autisme est un défi. Milena Surreau a commencé la saliculture comme saisonnière l’été, pour financer ses études et ses projets professionnels — elle est aussi musicienne. « J’ai très vite eu un coup de cœur pour le métier et je me suis petit à petit renseignée sur les autres facettes du chef d’exploitation que l’on ne voit pas en tant que saisonnier, notamment hors saison », confie la jeune femme.
Elle est aussi fière d’avoir repris le flambeau : « C’était un métier exercé par tous mes aïeux du côté de ma grand-mère, de 1649, au minimum, car je n’ai pas pu remonter mon arbre généalogique plus loin que ça, à 1964. » Ces dernières années, elle a jonglé entre ses entraînements et son métier, avec embauche d’un salarié sur la période de qualification et de préparation aux Jeux. « Et cette année, j’ai fait le choix de prendre une année off pour me concentrer à 100 % sur les Jeux », ajoute Milena Surreau. Rendez-vous à la fin d'août sur les terrains olympiques de parabadminton.