« Il y a trois ans, j’ai repris l’exploitation familiale et radicalement changé le système en place, se souvient Bastien, jeune éleveur de bovins de race angus en Loire-Atlantique. À la suite de mon grand-père, mes parents produisaient du lait, sur 80 hectares, en avec un troupeau prim’holstein et une alimentation à base d’herbe et de maïs. Moi, je suis parti sur un projet allaitant — en race angus, qui plus est ! — avec du pâturage tournant dynamique, de l’agroforesterie et de la vente directe. »

« Je voulais apporter la preuve par l’exemple »

« Mes parents n’avaient aucun repère pour apprécier mes choix, tout leur était inconnu et cela a créé des conflits, poursuit Bastien. Nos relations se sont tendues. Un temps, j’ai pensé concrétiser mon projet ailleurs, peut-être en Bretagne. Finalement, je n’ai pas poussé cette idée. J’ai fermé mes oreilles sur ce qui se passait et concentré toute mon énergie sur l’avenir. La meilleure solution était encore d’apporter la preuve par l’exemple ! »

« Avant de m’installer, j’ai travaillé six mois en Australie puis j’ai parcouru à vélo la Nouvelle-Zélande et la Nouvelle-Calédonie. C’est là-bas, dans l’Océan Indien, que ma sensibilité d’agriculteur s’est forgée ! En Australie, où j’ai vu des élevages XXL, j’ai clairement compris que le gigantisme, la robotisation, la chimie, … Ce n’était pas pour moi. Cette expérience a marqué un point de rupture ! À l’inverse, la Nouvelle-Zélande m’a montré la voie d’une agriculture qui me plaisait, plus en phase avec l’environnement. C’est un pays magnifique, très verdoyant ! J’y ai aussi découvert la race et la viande d’angus. »

« J’étais plutôt sûr de mon affaire »

« À mon retour en France, les choses restaient à construire mais dans ma tête elles étaient claires, reprend Bastien. J’étais plutôt sûr de mon affaire. Avec le recul, je pense que mon père en particulier a peut-être eu peur de l’inconnu, de ne pas trouver sa place dans ce qui se dessinait. L’agriculture, c’est LA passion de sa vie ! Encore aujourd’hui, au quotidien, j’essaie d’être le plus pédagogue possible, d’expliquer à mes parents ce que je fais, comment et pourquoi. »

« Parfois, je propose à mon père de m’accompagner à une réunion “Bout de champs” ou une porte ouverte. Ces occasions permettent d’échanger avec d’autres, d’ouvrir la relation père-fils. Nos conflits passés portaient sur des questions techniques, très rarement sur la stratégie à long terme. Mon seul regret est qu’il n’ait toujours pas lu les livres d’André Voisin sur le pâturage et l’herbe. »