Une banale porte, située entre deux magasins d’une rue commerçante de Gaillac (Tarn), dessert le local de l’association Paroles de femmes. « La discrétion, c’est voulu, sourit Fabienne Laborde-Milaa, pour préserver l’anonymat des femmes qui viennent ici. » Environ 300 victimes de violences conjugales, de Gaillac et des villages alentour y sont accueillies chaque année.
De bénévole à présidente
Fabienne, 39 ans, y est bénévole depuis 10 ans, date de son arrivée dans ce département, pour suivre son conjoint, consultant agricole. « J’ai toujours fait du bénévolat auprès de publics en difficulté : des SDF, des prisonniers… Une fois installée ici, j’ai découvert cette association et m’y suis investie, avec plus ou moins de régularité lorsque j’ai eu mes deux premiers enfants. »
Au départ, cette ingénieure agronome souhaitait monter un atelier de réinsertion à travers le maraîchage. Finalement, le projet n’a pas abouti, et elle est devenue conseillère en circuits courts et produits fermiers à la chambre d’agriculture du Tarn. Il y a deux ans, elle a pris la présidence de Paroles de Femmes, à la faveur d’un congé parental pour son troisième enfant.
Écouter sans jugement, puis orienter
L’association compte quatre salariées et une vingtaine de bénévoles. Tous sont formés au premier accueil, ce moment où il faut écouter sans jugement, avant d’orienter vers une aide adaptée. Un travail difficile mais nécessaire, notamment en milieu rural, où tout le monde se connaît et où la parole est d’autant plus difficile à libérer. « Les victimes sont souvent confrontées à un isolement géographique et social, constate Fabienne. Elles ont du mal à trouver quelqu’un à qui parler, qui écoute et qui agisse. » Pour y remédier, Paroles de Femmes a créé un réseau de personnes-relais dans les villages, formées pour repérer les situations difficiles et offrir une première main tendue.
De son côté, Fabienne, qui a quitté la présidence, veut s’investir dans de nouvelles actions, comme les événements « ciné-femmes », qui proposent des rencontres autour d’un film. Même au bout de 10 ans de bénévolat, elle reste « frappée par la force des victimes, leur volonté de s’en sortir malgré des circonstances dramatiques ». De quoi l’inciter à poursuivre son engagement aux côtés de celles qui aspirent à un nouveau départ.