Le nombre de repas quotidiens et les plages horaires de distribution ont-ils un effet sur les performances de croissance chez les porcs charcutiers nourris en soupe ? C’est la question posée par l'entreprise ADM, alors que l’alimentation représente 67 % du coût de production du porc en France.

Pour y répondre, l’équipe d’ADM a conduit deux essais avec un programme de deux ou trois repas par jour et deux programmes horaires de distribution considérés comme « standard » (à 8h30 et 16h30 ou à 8h30, 12h00 et 16h30) ou « long » (à 7h00 et 20h00 ou à 7h00, 12h00 et 20h00). Les porcs étaient rationnés avec une alimentation en soupe selon un programme biphase.

Résultats : les porcs nourris deux fois par jour, à 8h30 puis 16h30, présentent les meilleures performances en termes de gain moyen quotidien (GMQ) et d’indice de consommation (IC). Sur l’ensemble des phases (croissance, finition), l’écart de performance par rapport aux autres modalités (trois repas et intervalles entre les repas plus longs) atteint jusqu’à 106g/j de GMQ et 0,26 point d’indice. L’étude conclut que l’interaction entre le nombre de repas et le programme horaire de distribution influence significativement le poids vif, la croissance et l’indice de consommation durant toute la durée de l’engraissement. « Cela signifie que les deux critères doivent être considérés simultanément pour définir une stratégie d’alimentation optimale permettant de maximiser le GMQ et de minimiser l’indice » a souligné Emmanuel Janvier d’ADM, aux dernières journées de la recherche porcine.

Activité physique et digestion

Différentes hypothèses ont été émises. D’une part, multiplier les repas augmente l’activité à l’auge et donc les besoins énergétiques, notamment la part de nutriments disponibles pour la croissance. Cet effet peut être accentué par une forte densité ou un accès limité à l’aliment selon les conditions d’élevage. Par exemple, lors de l’augmentation du nombre de repas quotidiens, la diminution de la quantité d’aliment distribuée à chaque repas pourrait entraîner plus de compétition pour l’accès à l’auge et donc des besoins énergétiques supérieurs. Dans de bonnes conditions d’hébergement, cet effet reste limité mais doit être surveillé en cas de densité ou d’accès réduit à l’aliment.

Moins d'ingestion à la mi-journée

D’autre part, la fréquence de distribution de l’aliment peut avoir des conséquences sur le processus de digestion, entraînant des modifications de la digestibilité des nutriments. Chez le porc, la perturbation des rythmes circadiens affecte le métabolisme énergétique, les animaux à rythme perturbé ayant notamment une rétention accrue d’énergie sous forme de gras. Le rythme alimentaire naturel du porc est caractérisé par deux pics d’ingestion à 8h00 et 17h00, avec donc moins d’ingestion à la mi-journée, ce qui est proche du programme horaire standard avec deux repas dans les essais.

Moindre valorisation du repas à 12h00

Selon l’étude, « ceci pourrait expliquer la moindre valorisation par les porcs des nutriments du repas ajouté à 12h00. L’effet négatif sur les performances de croissance du passage de deux à trois repas quotidiens pourrait s’expliquer par un intervalle de temps passant de 8h00 entre les deux repas dans le premier cas, à 3h30 puis 4h30 entre les trois repas successifs dans le second. »

« Ceci laisserait penser qu’un délai trop court entre deux repas ne permet pas une digestion optimale à cause d’un temps de contact avec les enzymes digestives plus court et un transit accéléré par l’arrivée du repas suivant. À l’inverse, un intervalle de temps trop long entre deux repas comme dans le traitement « deux repas, programme horaire long » aurait éventuellement induit une hypoglycémie et un état catabolique (1) sur la période de jeûne diurne entraînant de plus faibles performances de croissance » conclut l’équipe d’ADM.

(1) Dégradation des tissus qui affaiblit les muscles.