À peine nés, déjà vigoureux, les porcelets de la maternité de la porcherie du Lycée La Touche de Ploërmel se pressent contre le flanc de leur mère pour téter. Loin de se laisser attendrir, les étudiants de BTSA en productions animales se mettent en place : ici, la maternité, inaugurée en avril 2021, est un outil pédagogique de pointe.

Un protocole pour accompagner le démarrage des nouveau-nés

Dans cet élevage naisseur engraisseur, les élèves suivent un protocole pour accompagner le démarrage des porcelets. À la naissance, chaque animal est pesé et identifié par une boucle. Dès le lendemain, les étudiants vérifient à nouveau le poids et prennent la température auriculaire de chaque animal.

Deux autres pesées complètent ce suivi : une à quinze jours de vie, puis une dernière au moment du sevrage. Grâce à des équipements adaptés (balance électronique, thermomètres auriculaires, pinces à boucles), de nombreuses données sont collectées puis analysées pour évaluer la qualité du démarrage des portées et comparer les résultats aux performances des années précédentes. Un bon démarrage passe avant tout par une ingestion rapide et suffisante du colostrum, garantissant aux porcelets, immunité, énergie et croissance régulière.

Une meilleure prolificité à « accompagner »

« Ces dernières années, la sélection génétique a contribué à l’augmentation de la prolificité, explique Louise qui envisage de travailler en production porcine à l’issue de sa formation. Il est important de tenir compte de cette évolution et d’accompagner au mieux les animaux ». C’est dans cette optique qu’à l’automne 2024, les données d’une bande de truies à la mise bas sont recueillies par les étudiants.

« En 2023, le poids moyen de naissance était de 1,27 kg par porcelet, précise Eric Chapel, responsable du pôle porcin au lycée. Les températures à 24 heures évaluant la prise colostrale étaient en deçà des préconisations du groupement Eureden. » En concertation avec le technicien en nutrition, la courbe d’alimentation en U des truies est retravaillée. Le choix se porte sur une gamme d’aliment plus élevée et la quantité distribuée est revue à la hausse.

Les résultats ne se font pas attendre : dès l’année suivante, le poids de naissance s’élève à 1,42 kg par porcelet, synonyme d’une meilleure vitalité à la naissance. Les mesures à 24 heures permettent de valider ce constat : la répartition des températures s’est nettement améliorée, ainsi que le gain moyen quotidien (GMQ).

« L’objectif n’est pas de viser la catégorie des poids extra-lourds, mais le juste poids, prévient Eric Chapel. Un poids excessif pourrait compliquer les mises bas, ce qui serait contre-productif et préjudiciable au bien-être animal. »

Pour Aurélien Amiaux, responsable technique GTTT-GTE et Bâtiment environnement chez Eureden, « les 24 premières heures de vie sont déterminantes pour les performances de la maternité jusqu’à l’engraissement. Avec l’outil « PiloT° », nous évaluons la qualité du porcelet à 24 heures. Né d’une étude mettant en lien la température rectale du porcelet avec son GMQ à 24 heures, il permet, grâce à cette prise de température, d’apprécier la qualité du porcelet à la mise bas, la prise colostrale et le confort thermique. »

Selon les résultats obtenus, des ajustements sur la conduite alimentaire en gestation, la gestion de la mise bas et les conditions environnementales sont apportés. « 24 heures après la mise bas, nous cherchons à obtenir le maximum de porcelets dont la température rectale est supérieure à 38,5 °C, avec un poids dépassant 1,40 kg. Il existe un lien assez étroit entre les porcelets de moins de 38,5 °C et la présence de petits porcelets à la mise bas. »

Car ce sont bien les porcelets qui ont une incidence économique majeure sur l’élevage. Gagner 100 g à la naissance, cela représente 7 jours de croissance en moins de la naissance à l’abattage, soit environ 20 000 € par an pour un élevage produisant 4 500 porcs.

(1) Zoé Souquet, Margot Pedron, Bleuenn Porcher et Louise Liguet.