En 2023, selon les données de gestion technique des troupeaux de truies (GTTT), les portées de porcelets comptaient en moyenne 16,9 porcelets nés, dont 15,6 nés vivants (NV) mais seulement 13,2 sevrés. « Depuis 2017, cela correspond à +0,3 porcelet né vivant par portée et +0,2 sevré par an, explique Sylviane Boulot, de l’Institut du porc (Ifip). Mais cette hausse est partiellement annulée par une augmentation en parallèle de la mortalité (+2 % des NV). »

La mortalité reste élevée (supérieure à 20 % des nés totaux) mais est très variable selon les élevages. Certains facteurs de risques sont connus : la taille des portées, les caractéristiques des porcelets et des truies, les pratiques d’élevage. La maîtrise de la mortalité est compliquée, particulièrement dans les élevages plus prolifiques. L’arrivée des maternités liberté pose question car elle pourrait dégrader davantage ce critère.

Concilier performance de sevrage et survie

L’Ifip a donc décidé de conduire une étude pour analyser la variabilité des résultats des élevages et caractériser les profils d’élevages qui concilient le mieux les performances de sevrage et de survie en maternité selon les niveaux de prolificité. Autrement dit, peut-on sevrer beaucoup avec peu de pertes ? L’étude analyse les résultats GTTT de 1 013 élevages en 2022. Elle met en évidence cinq groupes distincts selon le nombre de sevrés, la prolificité et la gestion des pertes. Ils sont classés de 1 à 5 par nombre de porcs sevrés croissant.

Malgré une prolificité élevée dans le groupe 1, les contraintes liées à l’élevage bio (logement, maternité libre) influencent la survie des porcelets. Dans le groupe 2 se trouvent les élevages des départements d’Outre-mer, dont les conditions d’élevage (stress thermique) impactent les résultats. Le troisième groupe ne présente pas de caractéristiques particulières avec des exploitations affichant des performances moyennes et de toutes régions en France.

Meilleur compromis

Le groupe 4 parvient à sevrer davantage de porcelets avec des taux de mortalité maîtrisés. Ces élevages bénéficient d’infrastructures modernes, bien équipées et d’une surveillance accrue avec une application systématique des meilleures pratiques d’élevage, notamment le recours à des truies nourrices, à l’allaitement artificiel. Le dernier groupe rassemble de grands élevages où la prolificité des truies est maximale, avec un nombre de sevrés important, mais au prix d’une mortalité élevée. Ils mettent en œuvre des stratégies pour réduire les pertes, comme les cages ascenseurs.

« Les grandes portées jouent un rôle ambivalent dans l’explication des écarts, avec à la fois un effet très favorable sur le nombre de sevrés, et défavorable sur la mortalité, indique Sylviane Boulot. Dans la plage 14-16 nés vivants, le profil 4 se distingue par un bon équilibre prolificité, pertes, sevrés. Diminuer la taille des portées n’est pas une garantie de moins de mortalité. Les stratégies d’allaitement, les truies nourrices, la taille des élevages influencent les résultats. Le suivi par GTTT et la mise en commun des bonnes pratiques permettront d’améliorer la résilience des élevages face aux défis posés par la prolificité. »